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Troubles autistiques et emploi : Avencod, une EA qui innove

Troubles autistiques et emploi : Avencod une Entreprise adaptée qui innove
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Avencod, une EA qui associe performance, troubles autistiques et emploi

Ce n’est pas nouveau, le secteur du numérique cherche et emploie de plus en de plus de profils atypiques. Les autistes Asperger sont souvent cités dans ce domaine. Avencod, entreprise adaptée de service numérique, a décidé de faire de ces personnes son atout technique. Pour cela elle développé une approche particulière pour allier troubles autistiques et emploi et les résultats sont au-delà de tout ce que l’on peut imaginer. L’un de ses deux cofondateurs, Laurent Delannoy, nous raconte cette aventure.

L’entreprise Avencod est née de l’envie d’un couple de travailler de manière un peu plus sociale et ceci de façon concrète. Sa genèse a pris appui sur des membres de la famille de Laurent Delannoye eux-mêmes en situation de handicap et ceci sans qu’aucun lien n’existe avec des personnes souffrant du trouble autistique. « En réfléchissant aux débuts du projet, nous avons constaté pour les personnes handicapées une incroyable difficulté à trouver un emploi. Ce qui nous a choqués, explique Laurent. Puis ensuite pour elles la difficulté à trouver un travail à forte valeur ajoutée et enfin un très faible pourcentage de personnes handicapées dans le secteur du numérique. Laurence et moi-même avons du nous rendre à l’évidence, notre société a manqué le rendez-vous entre le numérique et les personnes handicapées. »

Troubles autistiques et emploi : Le numérique est un secteur plein de promesses
« Partant sur l’existant de 2016, nous avons pu constater qu’il n’existait que 4 à 5 entreprises adaptées de services numériques qui fonctionnent très bien et reproduisant majoritairement le business modèle des SSII qui consiste à placer un technicien chez un client pour un prix de journée. » À l’évidence, Laurent n’y croit pas et veut faire autrement : « Nous avons voulu faire différemment. Cela fait 30 ans que je suis consultant informatique et lorsque j’arrive chez un client j’ai deux jours pour montrer que je suis bon techniquement ». Avec sa partenaire ils s’interrogent « Pourquoi ne ferions-nous pas autrement pour emmener avec nous des personnes très éloignées de l’emploi. » Un challenge d’autant plus important que pour la majorité des dirigeants de SSII, une personne handicapée en entreprise de service numérique, c’est une personne de plus de 35 ans avec un bac + 5, quatre à cinq ans d’expérience et une RQTH. « Or ça n’existe pas ! »

L’idée de Laurent et de sa partenaire, Laurence, fut alors de recruter des personnes avec des cursus et des chemins de vie compliqué pour en faire des personnes recherchées par les professionnels du numérique. Et laurent d’ajouter, « Pour cela, nous avons décidé de créer un environnement de travail pour augmenter l’employabilité de nos collaborateurs. Nous avons proposé à nos clients de travailler à distance sur une partie de leur système d’information pour faire évoluer nos collaborateurs sur leur projet, leur technologie voire devenir de bons consultants à intégrer chez le client. » La réussite de ce projet passait par la création d’une Entreprise Adaptée. « C’est là que nous avons découvert sur un article que certaines personnes autistes sont prédisposées pour travailler dans les métiers du numérique ». Le couple se rapproche alors de l’association « Atypique » de Juan Les Pins dont le président les a invités à des ateliers de réflexion commune sur l’autisme. « J’ai appris que certaines personnes développaient les qualités qui pouvaient servir à n’importe quelles grandes entreprises. Mais avec surtout une envie, une véritable motivation pour travailler, ce qui est primordial », un constat qui donne du corps au projet. « De ce que j’ai compris, explique Laurent, ces personnes sont motivées par deux objectifs, réussir à faire quelque chose qui les intéresse et où elles sont utiles et la deuxième avoir une place sociale. Certains de nos collaborateurs sont tout à fait autonomes et l’argent est crucial pour leur vie quotidienne.
Pour d’autres il s’agit juste de ne plus dépendre financièrement de leurs parents. Au moment où nous avons découvert l’autisme nous avons aussi constaté que le taux d’emploi en France est surtout bien plus faible qu’à l’étranger. »

Parallèlement, Laurent obtient l’aide du CERA (Centre Ressources Autistiques de Nice) pour développer et adapter son business modèle à cette population et créer le bon milieu de travail. Puis des neuropsychologues sont intervenus et interviennent toujours chez Avencod tous les 15 jours avec les salariés pour s’assurer qu’ils vivent bien leurs conditions de travail ». Un jour, Laurent a eu l’occasion de faire une présentation de son projet au club des DRH de Sophia Antipolis. « Cela a débouché sur un lien commercial avec l’entreprise Amadeus qui nous a proposé de développer pour elle un logiciel interne avec un accompagnement bienveillant pour nous aider dans notre développement. »  Au bout de 5 à 6 mois l’un des responsables d’Amadeus leur a proposé un autre gros contrat très technique.  « Grâce à notre savoir-faire nous sommes devenus les référents techniques de leurs 200 développeurs. Nous n’avons cependant pas que des personnes autistes mais celles que nous avons recrutées sont plutôt de type Asperger avec une réelle appétence pour l’informatique et une réelle envie de travailler. D’une personne de niveau bac nous faisons en moins de 2 ans une personne qui possède les mêmes compétences qu’un consultant bac + 5 en informatique. »  L’employabilité des collaborateurs d’Avencod se fait sur trois axes, tout d’abord la notoriété à la fois de Avencod mais aussi des clients. Ensuite la technologie, c’est-à-dire que tous les collaborateurs connaissent tous les types de codage, et la troisième, la plus importante, ce sont les relations interpersonnelles qui sont travaillées avec les neuropsychologues. ». Sur la demande des salariés autistes le staff a développé une autre particularité qui est qu’en interne les nouvelles recrues autistes sont accueillies et accompagnées par d’autres personnes autistes. Elles sont ensuite coachées par des personnes autistes qui ont évolué dans l’entreprise. C’est un mode fonctionnement unique. « Mais nous devons aussi gérer ces personnes qui vont toujours plus loin dans le détail et la recherche de la qualité et ne prendraient pas de vacances si nous ne leur imposions pas. »
Le sourcing se fait principalement avec l’aide du Centre de Ressources Autistiques et l’aide de neurologues. « Cela nous impose aussi une éthique très forte. Mais nous embauchons aussi des personnes handicapées non autistes. Notre taux de personnes handicapées est de 100% et nous travaillons encore plus à ce chaque personne soit bien chez nous », conclut Laurent.

Quand on parle de développement à Laurent : « Aujourd’hui ce que nous souhaitons c’est créer de petites agences de 15 à 20 personnes pour avoir ce lien proche avec l’économie locale et avec nos clients et nos partenaires. Nous travaillons actuellement sur l’ouverture d’une nouvelle agence sur Marseille. Nous n’avons pas pour ambition de devenir une énorme entreprise. Nous misons sur la qualité, la compétence, et la qualité de vie au travail. » Ce que les dirigeants d’Avencod souhaitent, c’est avant tout montrer que de travailler avec des personnes autistes ça marche et qu’en termes de qualité, ils peuvent êtres irréprochables.

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