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Soins psychiques : Un collectif mobilisé contre le projet du Gouvernement

Soins psychiques : Un collectif mobilisé contre le projet du Gouvernement
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Le Manifeste Psy interpelle le Gouvernement et conteste ses propositions en matière de prise en charge et de remboursement des soins psychiques.

Répondre à l’urgence de la souffrance psychique des Français : Telle est la vocation du Manifeste Psy, collectif créé suite à la publication d’un rapport de la cour des comptes sur les parcours de soins psychiques et psychiatriques. Il organise un rassemblement ce jeudi 10 juin, à 13h30, devant le Ministère des Solidarités et de la Santé – au 14 Avenue Duquesne, 75007 Paris.

Autour du slogan « Oui au remboursement, mais pas n’importe comment », l’objectif est d’interpeller le Gouvernement en vue de protéger l’accès aux soins psychiques et d’instaurer un remboursement plus adapté aux besoins des patients.

Pour un dispositif de remboursement respectueux des besoins des patients

« Le Manifeste Psy sera dans la rue pour réclamer un dispositif de remboursement respectueux des besoins des patients et une base de remboursement avec dépassement d’honoraire visant à faciliter l’accès des patients au soin psychique et permettre aux praticiens de survivre économiquement, indiquent les membres du collectif. En région et à Paris, les psychologues du collectif initié en février 2021, fort de 4300 membres, alertent sur les risques du projet de remboursement des consultations de psychothérapie des psychologues-psychothérapeutes ».

Le Manifeste Psy conteste plus particulièrement trois points clefs du projet proposé par le Gouvernement :

– L’accès aux prestations des psychologues sur prescription du médecin traitant, et sans accès direct. « Il n’y a pas d’économie pour l’assurance maladie, car cela génère plusieurs consultations médicales remboursées. Vous ne pourrez plus consulter librement un psychologue au moment où vous êtes prêt à faire la démarche du fait du dispositif. Vous devrez partager vos souffrances les plus intimes avec votre médecin traitant, qui est souvent celui de la famille et le psychologue devra lui en rendre compte, ce qui est contraire au code de déontologie ».

– La mise en place d’un forfait
prévoyant quelques séances dont 10 de 30 minutes – et qui ne serait pas adapté au travail psychothérapeutique. « Une séance de 30 minutes n’est pas suffisante pour écouter et travailler en soins psychiques ou psychiatrie avec un patient en souffrance : les enfants peuvent avoir besoin de jeux, les ados et adultes de temps, l’expression verbale et émotionnelle ne se précipite lorsqu’on accompagne un patient de manière respectueuse. La multiplication des rendez-vous à la chaîne pour le professionnel conduit à réduire le temps et l’énergie et l’écoute nécessaires à un travail efficace et de qualité pour le patient et pour le professionnel ».

– Le remboursement sur une base allant de 22 à 32 euros sans dépassement d’honoraire
, qui selon le collectif, n’est pas tenable. « Puisqu’il ne tient pas compte de la réalité économique d’une pratique libéral dont les honoraires incluent les frais de structure, sous-payé, le professionnel n’aura d’autre choix que de prendre les patients à la chaîne sans pouvoir leur offrir le soin et l’attention qu’ils méritent ; cela signifie des patients à la file pour un revenu incapable de soutenir les cotisations sociales et autres charges, qui, elles, ne diminuent pas ».

Maintenir l’accès direct au psychologue-psychothérapeute

Concrètement les membres du Manifeste Psy formulent ainsi leurs principales revendications : « Nous souhaitons maintenir l’accès direct au psychologue-psychothérapeute pour faciliter la démarche de soin, les spécialistes du soin psychique sont responsables et savent travailler en concertation pluridisciplinaire lorsque la situation du patient touche des questions de médecine, n’encombrons pas les médecins déjà surchargés, nous savons travailler en bonne complémentarité, sans subordination. Une base de remboursement avec dépassement d’honoraire et complément mutuelle autorisée semble la meilleure solution à ce jour, pour les patients qui auront un accès facilité au soin psychique, et pour les praticiens qui pourront survivre économiquement ».

En parallèle, le Manifeste Psy rappelle que la crise du Covid a eu un impact sur la santé des Français, « dont 22% font état d’un état dépressif », une souffrance psychique devenue un enjeu majeur de santé publique que les pouvoirs publics tentent d’adresser en se tournant vers les psychologues libéraux pour accueillir ces nouveaux patients. Ce que déplore Caroline Fanciullo, psychologue clinicienne installée à Aix-en-Provence et initiatrice du Manifeste Psy : « Le Gouvernement prend acte que la prise en charge de la souffrance psychologique par des institutions publiques est en grande difficulté faute de moyens, et n’est pas suffisante pour absorber la croissance de la demande. On voit qu’il y a un manque de réalisme à ne pas se donner les moyens de cette sorte de délégation de service public ».

Mieux rémunérer les prestations des professionnels de soins psychiques

« Donner plus de temps, conserver l’expertise de prise en charge du psychologue-psychothérapeute et mieux rémunérer la prestation serait de nature à répondre à l’urgence de souffrance psychique des Français, mais les règles du jeu proposées par les pouvoirs publics et les conditions d’exercices qu’elles impliquent ne sont pas dignes de nos responsabilités envers les patients, et donc, pas acceptables, ajoute-t-elle. Elles traduisent une méconnaissance de notre métier, de ses tenants et aboutissants. Y accéder amènerait aujourd’hui à une situation de grand risque sur les conséquences sur la qualité de la prise en charge. Les patients sont en souffrance, il s’agit de les aider et non que collaborer en pleine conscience à la validation d’un processus maltraitant alors même qu’on parle de psychothérapie ».

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