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Le perfectionnisme: comment le gérer avant l’obsession

Perfectionnisme le gérer avant l'obsession
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Article réalisé par notre partenaire Signes et sens. À l’heure où la compétition prend une grande place dans la sphère professionnelle, voire privée, les individus se sentent soumis à un impératif de perfection, au risque toutefois d’y laisser leur santé. Effectivement, le perfectionnisme est un leurre qui peut avoir des conséquences dommageables.


Le perfectionnisme en question

La perfection n’existe pas. Le perfectionnisme est de l’ordre d’un fantasme dans la mesure où les enjeux inconscients prennent en main un gouvernail potentiellement autodestructeur. Ceci étant et notamment avec les réseaux sociaux, cette illusion néfaste se trouve non seulement entretenue mais, qui plus est, en général accentuée…

L’insécurité à l’origine
L’impression de déployer des efforts surhumains pour essayer d’être un conjoint admirable, un parent parfait, ou encore un employé modèle, représente déjà le signe d’un dysfonctionnement sous-jacent.
Lila, 36 ans, chargée de relations publiques, confie avoir développé une véritable déprime en raison de la pression qu’elle se mettait toute seule après la naissance de son premier enfant :  » Quand ma fille est née, je redoutais de ne pas arriver à tout concilier : mon couple, mon boulot et, bien sûr, mon bébé. Je me considérais mauvaise en tout ! Je n’appréciais même plus les moments agréables et le joli développement de mon enfant… »…
La psychanalyste Chantal Calatayud explique que, de nos jours, ce schéma est malheureusement devenu courant :  » Lila exprime une réalité démoniaque : se mettre la pression toute seule. L’imagination fait alors un travail lamentable de dévalorisation. Établissant des comparaisons subjectives avec l’entourage, il développe la croyance que les autres, dans une situation similaire, s’en sortent toujours mieux que soi. « … Mais quelles sont les raisons de ce piège ? Selon Chantal Calatayud, il s’agit d’un manque de confiance qui s’est cristallisé dès les 5/6 premières années de l’existence :  » Si les parents n’ont pas été perçus suffisamment rassurants, le futur adulte peut se fixer très tôt l’objectif de ne devoir compter que sur lui. Le problème, c’est qu’il n’a pas de mode d’emploi, ce qui entraîne un réflexe particulièrement négatif : placer la barre systématiquement trop haut. Il tente ainsi de pallier les manques de ses géniteurs. Les échecs qui s’ensuivent – et c’est logique – sont douloureux et répétitifs. Cependant, il faut parvenir coûte que coûte à assurer soi-même ses propres sécurités ! « . Cette angoisse récurrente est-elle mêlée de culpabilité ?  » Absolument « , répond la thérapeute, ajoutant que  » le moindre échec renforce le sentiment de panique et de déception. « …

Une démarche de lucidité sereine

Si souhaiter faire de son mieux est une qualité évolutive, à l’inverse il s’avère primordial de veiller à ce qu’elle ne se transforme pas en obsession.
L’obsession est un symptôme qui traduit un conflit interne. Ainsi, l’objectif poursuivi est pris dans un malaise complexe : le but idéalisé est à la fois ressenti comme extrêmement exigeant mais l’impossibilité de l’abandonner verrouille totalement le processus.
. Jérôme, 42 ans, restaurateur, raconte avec réalisme cette impulsion absurde :  » Je m’astreins à être le premier chaque matin dans mon commerce, alors que j’ai un bras droit qui a un sens aigu des responsabilités. J’ai tellement peur de ne pas me réveiller que j’ai deux réveils. Je me douche, je ne prends pas de petit déjeuner parce que j’ai peur d’être en retard. Je me dis que je dois montrer l’exemple, combien même j’ai assumé quelques heures auparavant une fermeture tardive. Je sais que mes troubles du sommeil viennent de là, que je deviens irritable et injuste envers mon personnel, mais il faut toujours que je sois le premier ! « …
La psychothérapeute Marie Borrel, auteure de  » 81 façons d’avoir confiance en soi « , publié aux Éditions Guy Trésaniel, conseille, pour ne plus être l’esclave de cette faille narcissique, de faire la part entre ses vrais désirs et ceux que ses parents ont eus pour soi. Selon l’apport psychologique de cette auteure, il est évident que Jérôme continue, malgré son âge, à se conformer aux projections parentales : être premier. Or, il n’est plus à l’école !
Pour entreprendre une démarche thérapeutique de lucidité, Marie Borrel demande de se préparer à  » tuer  » symboliquement ses parents pour exister pleinement :  » Nous devons nous détacher de ce que nos parents ont voulu pour nous. S’ils n’ont pas désiré nous laisser pratiquer ce détachement nécessaire, c’est à nous de le faire. « … Et la méthode pour y parvenir ? Pour la psychothérapeute,  » il suffit de s’appliquer à faire quelque chose dont on a toujours rêvé et qu’on n’a jamais osé accomplir : chanter, monter sur une scène, donner des cours du soir à des adultes en difficulté, voyager seul à l’autre bout du monde. « …
L’obsession de la perfection revêt donc de multiples facettes. Il n’y a pas que l’amour du détail qui empoisonne le quotidien du perfectionniste. Rappelons qu’il est sans arrêt ballotté entre des diktats surmoïques de réussite et la certitude de ne pas être à la hauteur de cette ambition impersonnelle. Pourtant, la vie n’est pas un combat perpétuel à mener contre soi. Décider de quitter définitivement cette souffrance infondée est la clé, mais à l’unique condition d’accepter de ne pas être… parfait !
Framboise Tixier 

Être efficace plutôt que vivre dans le perfectionnisme

Dans notre société de performances où la compétitivité règne en maîtresse despotique absolue, l’efficacité se situe au-delà d’un désir narcissique. Effectivement, si cette capacité plus ou moins manifeste selon les individus est liée à des buts établis par soi-même, elle est aussi souvent imposée par le monde du travail. Quoi qu’il en soit, comme il s’agit d’un atout indéniable, il est proscrit de le placer sous le boisseau…

Dès le début du XXème siècle, l’univers du Développement personnel – notamment aux États-Unis puis au Canada – a mis au point des méthodes de gestion individuelle et collective. C’est ainsi que l’année 1989 a vu apparaître sur les rayons des librairies le livre de Stephen R. Covey :  » Les sept habitudes des gens efficaces « . Traduit en 38 langues, il s’est vendu à plus de 15 millions d’exemplaires ! Ce chiffre exprime à lui seul la nécessité aujourd’hui d’assurer tous azimuts et une attente de conseils avisés permettant d’atteindre des objectifs personnels et/ou professionnels.

L’intuition précieuse contre le perfectionnisme

L’efficacité ne peut faire l’impasse d’asseoir une base solide. Il est question ici de travailler son intuition pour ne pas subir l’influence d’un entourage irresponsable ou stratège.

Lionel Bellenger et Marie-Madeleine Sève, qui ont co-écrit l’ouvrage pratique  » Boostez votre créativité « , publié chez ESF Éditeur, indiquent l’importance de prendre conscience de son potentiel, notamment en discernant ses pouvoirs intuitifs :  » L’intuition capte instantanément une quantité de détails et d’impressions et leur donne du sens en les unissant d’un coup. Ce résultat surgit comme une illumination. L’esprit a restructuré en un clin d’œil sa perception consciente ou inconsciente des éléments de son environnement. Il trouve alors ‘la’ solution parfaite à un problème. « .

La psychanalyste Chantal Calatayud confirme l’intérêt et la force du mécanisme intuitif :  » L’intuition, aussi énigmatique soit-elle et contrairement à des idées répandues, s’allie avec un système de valeurs protectrices. Tout simplement parce qu’elle fait appel non seulement à l’intelligence mais également au surmoi qui tire la sonnette d’alarme le cas échéant en terme de limites justifiées. « . Mais pourquoi alors le mari de Virginie s’est-il laissé embarquer dans une dérive insoluble ? Selon Chantal Calatayud, c’est  » parce qu’il n’a fourni aucun effort pour mobiliser son imagination, creuset de la réflexion. Par transfert interposé, il s’est ‘reposé’ sur le promoteur et n’a pas pris soin de se ‘re-poser’ après leur premier rendez-vous, ni d’analyser les informations qui venaient de lui être données. « . Par voie de conséquence, il est juste d’énoncer que la fonction primordiale de l’intuition, si elle invite à imaginer un projet, avec sa résolution possible, offre en prime les outils adéquats de vérification !

Le plan Gagnant/Gagnant

Pour que l’efficacité fonctionne, Stephen R. Covey insiste sur l’obligation incontournable de ne jamais exclure l’entourage de ses objectifs. Il souligne combien est capital ce type de relationnel altruiste.  » Se couper des idées des autres, de leur avis, de leur envie constitue une erreur phénoménale « , précise la psychothérapeute Dominique Roby qui ajoute qu’il ne faut pas confondre Développement personnel avec Développement individuel ! De son côté, l’écrivain et conférencier John Edward Tang, auteur de  » Plus de prospérité dans votre vie  » aux Éditions Fortuna, rappelle que si avec un peu de pratique, il est très agréable de décider, cet élan ne doit pas empêcher de s’en ouvrir aux autres, de leur demander de s’exprimer dans la mesure où les décisions que l’on envisage de prendre ne font pas toujours l’unanimité… N’oublions pas non plus une évidence véhiculée déjà il y a plus de 350 ans par le célèbre scientifique Isaac Newton :  » Lorsque deux forces sont jointes, leur efficacité est double. « …

Vincent, 61 ans, infirmier, dit lui-même qu’il était devenu un véritable tyran vis-à-vis de son ado au regard de ses piètres résultats scolaires :  » J’ai réalisé grâce à ma nouvelle compagne que je n’avais jamais demandé à mon fils quel métier il aimerait faire plus tard. Je lui donnais des directions et il n’avait pas voix au chapitre. Le jour où je lui ai dit que je serais content de savoir quelle profession l’attirait, il a complètement changé d’attitude. Il a lui-même choisi sa filière et ses notes ont largement franchi la barre de la moyenne.  » Interrogé sur ce témoignage, Dominique Roby explique que ce père avait longtemps projeté ses propres irréalisations et ses doutes sur son enfant, et que le binôme ne pouvait que neutraliser l’énergie créatrice de l’ado. Les bénéfices d’une démarche efficace s’étayent donc sur le respect de points majeurs, conditions dont l’ensemble des personnes mises en lien retirera les fruits :

– Développer son intuition

– Accueillir son imagination

– Apprendre à bien se connaître

– Accroître sa confiance en soi

– Objectiver et apprécier ses qualités

– Faire des choix et s’y tenir

– Entretenir un relationnel équitable et équilibré.

Si être efficace possède ses lois, leur particularité est toutefois d’être accessibles à tout un chacun. Une des raisons primordiales de consacrer un peu de son temps à cette aptitude innée est d’ailleurs qu’elle permet de visiter régulièrement son psychisme et de le gérer pour mieux l’optimiser. Dès lors, ses mauvais états d’âme disparaissent pour autoriser apaisement et sérénité. À l’inverse, le manque d’efficacité est une contrariété latente qui aboutit au déni de soi.

Daniel Sudres

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