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Voile et handicap : La nouvelle chronique d’Olivier Ducruix

Voile et handicap : La nouvelle chronique d'Olivier Ducruix
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Nouvelle chronique voile et handicap d’Olivier Ducruix : Demain tiendra ses promesses…

Par Olivier Ducruix. Cette année, l’été aura joué trois petits jours de prolongations jusqu’au jeudi 24 septembre. Dès le lendemain, l’hiver, froid et humide, pointait le bout de son nez, aussi soudain que dérangeant. Il nous a juste laissé le temps de terminer un magnifique stage Cécivoile. Au cours de celui-ci, nous avons accueilli, au Centre Ressources national de Lyon, six stagiaires déficients visuels venus de toute la France, dans des conditions idéales, grand et beau soleil, température parfaite flirtant avec les 28 degrés. Et juste ce qu’il faut de vent pour que ce soit fun sans être trop sport. Que du bonheur, que des sourires sur les visages masqués. Une détente, une convivialité et une bonne humeur communicative propices à nous faire oublier la morosité ambiante.

Car aujourd’hui, en ce début d’automne, ce n’est pas la météo qui nous préoccupe. Non, ce n’est pas elle qui nous empêche de nous adonner encore à notre sport favori. La seconde vague de Covid-19, tant redoutée, s’affirme chaque jour davantage. Si ce n’est pas encore une déferlante qui vient fouetter le pont du navire, détremper le capitaine à la barre, le submerger, le déséquilibrer, faire giter dangereusement le voilier avant qu’il ne se redresse, se stabilise et reprenne sa route sauvage et indomptable jusqu’à la prochaine secousse, c’est déjà une houle bien formée et inquiétante. Suffisamment inquiétante en tout cas, pour que de nombreuses actions soient annulées. Pas de printemps, pas d’automne, restez chez vous !

Et pourtant, si nous devons revivre un confinement, total ou partiel, je dois bien admettre que nous, déficients visuels, ne sommes pas les plus perturbés par la sédentarité imposée. Loin s’en faut. En tant que personnes à mobilité réduite, nous sommes, par la force des choses, habitués à passer de longues et belles journées à domicile sans nous ennuyer une seconde, et de ce fait sans doute mieux armés que bien d’autres. Et oui, les politiques ont inventé la première guerre mondiale de la grande Histoire, pour laquelle les personnes en situation de handicap, non seulement ne sont pas réformées, mais bien au contraire peuvent être envoyées en première ligne par les généraux qui dirigent les troupes, du fait de leur grande expérience en matière de « restez chez vous » ! Restez chez vous, qui demeure à ce jour la riposte la plus efficace, et en tout état de cause celle exigée par les gradés, contre l’ennemi invisible. Le confinement forcé est finalement peut-être moins difficile pour nous que pour bien d’autres.

En attendant, les médias et les pouvoirs publics mettent le paquet pour responsabiliser la population. Ils veulent être certains que nous ne traiterons pas par-dessus la jambe cette satanée Covid-19. Chacun doit être suffisamment inquiet pour respecter à la lettre les mesures barrières. Exercice délicat et dangereux car il s’agit de ne pas déclencher une psychose collective propre à la déprime, la dépression, l’anxiété, le malaise, autant de maux qui peuvent s’avérer désastreux.

Oui, continuons à vivre, en toute responsabilité, prenons garde au danger, et surtout ne soyons pas dangereux pour les plus fragiles. Vivre bien sûr, c’est sortir, même si ce n’est pas chose aisée quand on n’y voit rien. Le masque d’abord occulte les sensations, et de ce fait complique mes déplacements. Je vois très peu, et le peu qui me reste disparait sur la buée de mes surlunettes. Difficile aussi de ne pas se guider au toucher quand c’est possible. Ici, c’est un mur qui sert de repère, là c’est la rampe de l’escalier qui nous rend service. Respecter les distances dans les files d’attente sans voir la personne qui nous précède relève aussi de la gageure. Se faire guider par un sympathique inconnu qui en même temps que son aide me propose de prendre son bras ? Oui mais … et s’il était porteur du virus ? Au début, il m’est arrivé de refuser le bras offert, quand j’y repensais, ça me rendait malade. Maintenant j’accepte !

Début septembre, j’ai repris l’avion. Direction Brest, pour une semaine de tests de l’application SARA Croisière. Nous avançons super bien, et j’espère que nous pourrons en diffuser une version sur l’app store avant cette fin d’année. J’appréhendais de porter le masque durant le vol, moi qui n’aime déjà pas ça du tout ! Finalement, ça se fait bien, en tout cas pour une heure, ce n’est pas la mer à boire. La semaine prochaine, c’est le TGV que j’aurai le plaisir de retrouver. Les dirigeants de la Fédération Française de Voile et ceux de l’UNADEV (Union Nationale des Aveugles et Déficients Visuels) ont rendez-vous à Paris pour signer une convention ô combien importante pour la suite du projet Cécivoile. Dans celle-ci, chacune des deux parties s’engage jusqu’en décembre 2024, à poursuivre ses actions pour le développement de la pratique de la voile pour les personnes déficientes visuelles, partout en France et en totale inclusion dans les bases nautiques de la fédération. Ainsi, même en cette année compliquée, de belles réussites se font jour, et je suis certain que demain tiendra ses promesses !

En photo : Olivier Ducruix et ses co-équipiers lors d’une régate avec les yeux bandés, à Pornichet.

Pour en savoir plus sur Olivier Ducruix : https://www.facebook.com/olivierducruixchanson

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