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Nouveau souffle : Le Cavalier de Dior représenté au FIFH

Le cavalier de Dior au FIFH
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Le cavalier de Dior sera représenté au FIFH à travers le film « Nouveau souffle ».

Par Isabelle Chouffet. La deuxième édition du FIFH se déroulera du 15 au 20 septembre à Cannes avec une soixantaine de films en compétition. Le 15 juin dernier, la conférence de presse a donné un avant-goût de cette manifestation unique en son genre. Lumière sur l’un des films en compétition : réalisé pour le compte de Christian Dior Couture par Gilles Bismuth, fondateur de l’agence audiovisuelle Envie de Dire.

Six extraits de films ont été présentés à l’ambassade du Brésil, à Paris, en présence de Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées. Parmi eux, le court-métrage Nouveau Souffle, réalisé pour le compte de Christian Dior Couture par Gilles Bismuth, fondateur de l’agence audiovisuelle Envie de Dire.

Le film retrace l’extraordinaire parcours de Rodolpho Riskalla, un cavalier brésilien. Ce professionnel du dressage décide de quitter son pays, et le milieu hippique pour s’installer à Paris. En 2014, une opportunité professionnelle lui permet de rentrer chez Christian Dior comme hôte de caisse, avenue Montaigne. L’année suivante, il apprend que son père, souffrant, vient de mourir. Il rentre au Brésil. Quinze jours après l’enterrement, il contracte une méningite bactérienne qui le plonge trois semaines dans le coma. Rapatrié à Paris, il se réveille amputé des quatre membres. Mais il a un rêve : remonter à cheval et participer aux jeux paralympiques de Rio en septembre 2016. Un pari fou qui suscite l’admiration de ses collaborateurs et l’enthousiasme de la maison Dior.  « On a trouvé le projet un peu irréaliste car il fallait qu’il se qualifie en très peu de temps, qu’il réapprenne à marcher, qu’il remonte en selle, qu’il s’habitue à des prothèses, se souvient David Morin, directeur du personnel et des affaires sociales chez Dior Couture. Mais, en voyant cet homme déterminé à aller au bout de ses rêves, alors que sa maladie lui imposait un changement radical de vie, nous l’avons écouté, soutenu, accompagné financièrement et psychologiquement. »

Le déclic
En décembre 2015, une ancienne élève de Rodopho lui rend visite à l’hôpital. Elle offre un cadre contenant des photos de lui à cheval. Sa mère l’accroche dans la chambre. C’est le déclic : « J’ai voulu tout de suite remonter à cheval. Quand j’ai décidé de faire les Jeux de Rio, je n’avais pas encore mes prothèses. Je voulais déjà les faire avant mon accident, donc pourquoi pas les jeux paralympiques. Rio, c’est chez moi, c’était l’occasion de ma vie. Je ne trouvais rien d’handicapant à faire ce que j’aime. »

Il faut dire que ce trentenaire à l’allure élégante, au regard franc et souriant, pratique le cheval depuis l’âge de 5 ans. Sa mère, Rosangele Riskalla, entraîneuse et juge de dressage au Brésil, va le coacher dans cette course contre la montre. La première sélection a lieu en avril. Il trouve un cheval en mars. Il passe avec succès les épreuves qualificatives entre avril et juillet. La confédération brésilienne des JO le qualifie en septembre 2016, moins d’un an après son accident. « J’ai toujours voulu faire mieux, améliorer mes performances. J’aime l’esprit de compétition », confie Rodolpho. Rodolpho ne compte pas s’arrêter là : après sa classification (10e dans sa catégorie), et un trophée décerné par la Fédération équestre internationale pour son parcours exceptionnel, rendez-vous est pris pour les jeux mondiaux de 2018 et pour les jeux paralympiques de Tokyo en 2020. « On a toujours tendance à sous-estimer sa force », conclut Rodolpho. Faire toujours plus que ce que l’on s’imagine, une leçon de vie.

Christian Dior Couture, directeur du personnel chez Dior : « Une énergie incroyable »
Avez-vous ressenti de la fierté à soutenir Rodolpho Riskalla ?

Au-delà de la fierté d’accompagner un homme hors du commun, c’était un devoir pour la maison que de l’accompagner dans ce projet. Nous voulions lui permettre d’aller au bout de ses rêves et lui donner les moyens de réaliser son rêve. A plus long terme, nous avons organisé sa reprise de poste et sa réintégration parmi nos équipes. Nous lui avons fait suivre un bilan de compétence avec un cabinet extérieur pour l’aider à évaluer son potentiel. Cet autodidacte, qui possède un sens du contact et de la relation à l’autre absolument fabuleux va rejoindre prochainement la direction de la communication pour s’occuper d’activités événementielles. On ne peut que l’aimer !

Cet exemple a-t-il changé votre regard sur la différence ?
Le regard sur ce sujet a complètement changé. Même vis-à-vis celui des valides. Avec ce film, nous voulions surprendre, émouvoir, et surtout ne pas montrer le handicap au début pour que l’on comprenne qu’il n’y a pas de différence. L’histoire de Rodolpho a soulevé une énergie incroyable parmi ses collaborateurs. Elle a permis de libérer la parole d’autres salariés en situation de handicap. Ceux-ci ont pris conscience des dispositifs qui existaient au sein de la maison. Ils sont venus parler de leur situation après de nôtre chargé de mission handicap.

Le handicap peut-il se conjuguer avec le secteur du luxe ?
Personnellement, j’ai eu un déclic quand j’ai vu le film De rouille et d’os. Marion Cotillard était déjà notre égérie. Je me suis dit qu’il était possible de représenter l’élégance de notre maison et d’évoquer le handicap.

« Il a brisé la glace », raconte le réalisateur
« Lorsque Dior m’a sollicité pour écrire un scénario, j’ai jeté quelques idées sur le papier, se souvient Gilles Bismuth. Quand on m’a expliqué son handicap, j’ai ressenti une gêne. Puis j’ai rencontré Rodolpho. Tout a volé en éclat. Sa personnalité, son charisme, sa détermination ont brisé la glace. Il a aussi cassé mes préjugés, et mes craintes, bref mon propre handicap, provoqué par ces appréhensions. C’est un film sur la détermination, sur la résilience et sur la passion, pas sur le handicap. J’adore cette citation d’Hemingway qui dit : “Il n’y a aucune noblesse à se sentir supérieur aux autres. La noblesse consiste à être supérieur à ce que l’on était avant.” »

Photo : Clarisse Gallois, Rodolphe Riskalla et Rosangele Riskalla © Palmyre Roigt.

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