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« Notre mission : porter et impulser la politique d'accessibilité »

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Marie Pros-Coletta est déléguée ministérielle à l’accessibilité depuis le 19 novembre 2009. Sur des aspects très techniques et pas toujours très bien compris, elle nous délivre un regard humain et pratique qui fait de l’accessibilité le projet de tous.

 

Quelle est la mission de la Délégation Ministérielle à l’Accessibilité (DMA) de quels moyens disposent-t-elle ?

 

Le Ministère du Développement durable a en charge notre cadre de vie, c’est celui qui est en phase avec la réalité de notre quotidien. Et dans ce vaste champ de compétence, la DMA a pour mission de coordonner, de porter, d’impulser la politique d’accessibilité dans la Cité. Pour ce faire, nous travaillons en étroite collaboration avec les différents services qui ont en charge une politique sectorielle, que ce soit tout le secteur du transport, de la voirie, des espaces publics, de la construction (qu’il s’agisse des Établissements Recevant du Public, des logements), mais aussi de la sécurité routière, de l’urbanisme, sans oublier le secteur énergie. À ce niveau il s’agit de la définition de la politique mais aussi de son corollaire indispensable qu’est la création de normes.

Dans un secteur aussi technique, pour mener à bien cette dernière mission, la DMA peut s’appuyer sur le Réseau Scientifique et Technique du ministère : CERTU, CSTB, IFSTTAR et les CETE *. Tous ces services travaillent activement aux travaux de recherche en matière d’accessibilité. Je tiens à souligner leur importance dans la mission qui est confiée à ce Ministère et dans la capacité d’action de la DMA. D’ailleurs à l’occasion des Journées Territoriales de l’Accessibilité, et des travaux préparatoires à la Conférence Nationale du Handicap, leur contribution a été largement soulignée par tous les acteurs. Thierry Mariani, le Secrétaire d’Etat aux Transports, a confirmé le 8 juin lors de la CNH l’implication du RST et sa demande envers celui-ci.

Il faut aussi mentionner l’animation de notre réseau départemental de correspondants. Il s’agit là de les accompagner et de les soutenir dans le travail indispensable d’application quotidien de la politique d’accessibilité menée dans chacun des départements.

 

 

Les obligations issues de la loi dans le domaine de l’accessibilité ont-elles été bien comprises par les acteurs concernés et comment les professionnels qui ne comprennent pas les aspects de cette loi doivent-ils agir ?

 

À cette mission de coordination et d’appui, en interne au Ministère, s’ajoute le délicat travail en lien avec les associations de personnes handicapées mais aussi les différents organismes représentatifs des acteurs de l’accessibilité. La Cité, sous l’impulsion des lois de 1975 et 2005, a largement évolué, elle est beaucoup plus ouverte aux personnes handicapées ou à mobilité réduite. Il s’agit là du résultat de l’évolution de nos représentations mais aussi de l’application des règles, qui ont été chacun en ce qui les concerne, porteurs de ces transformations. Toutefois, il ne me paraît pas acquis que les déterminants supports de la loi aient bien été compris par tous les secteurs. Certains souhaiteraient se dégager de ces obligations car ils n’en comprennent pas tout l’intérêt sociétal et les atouts qu’elles peuvent leur apporter. Et c’est aussi une des tâches qui nous incombe que d’expliquer inlassablement les objectifs de cette loi : donner une place citoyenne à chacun, respecter chaque être humain.

 

 

Quelle sera l’étendue des bénéfices issus des obligations d’accessibilité et de quelle manière la ministre du développement durable met-elle en avant l’accessibilité dans sa politique actuelle ?

 

Aujourd’hui, la conception de l’urbanisme et de la ville repose sur le constat que la Cité doit être fabriquée en essayant de coordonner les différentes politiques publiques : les transports, la réponse au besoin de logement, l’écologie, l’adaptation au changement climatique, l’économie d’énergie et bien sûr l’accessibilité. Nous avons à appréhender ce sujet essentiel au devenir de l’homme avec une approche systémique.

 

Pour créer la ville durable, il faut prendre en compte conjointement tous les enjeux sociaux, économiques, environnementaux et culturels de la ville, et intégrer l’ensemble des objectifs dans la conception globale des projets d’aménagement et de construction, que ce soit en secteur déjà urbanisé ou en construction neuve.

 

Cette nouvelle posture demande un effort à tous : collectivités, constructeurs, opérateurs, aménageurs, parce qu’elle appelle une réflexion plus globale sur les projets, mais aussi à l’État qui travaille encore trop par champ ministériel. Elle appelle de nouvelles relations de travail entre les acteurs avec les associations, les représentants des habitants. L’action publique et la conception de la ville ne doivent pas être uniquement une affaire de normes mais d’abord de rencontre de compétences, de dialogue et d’innovations, surtout quand il s’agit de travailler sur des questions aussi sensibles que l’organisation de nos lieux de vie pour aujourd’hui et demain.

 

Ainsi le programme « habiter mieux », financé par le grand emprunt, va permettre d’adapter 300 000 logements en 7 ans, il s’inscrit dans la même logique que le programme « Eco-quartier » et que les  travaux financés par  l’Anru où la question de l’accessibilité s’intègre à la méthode globale de réponse aux besoins des habitants tout en traitant les questions liées à la réduction des dépenses thermiques. A travers cette nouvelle approche, l’État intègre, dans chacun de ses programmes, à la fois les aspects économiques, environnementaux et sociétaux.

 

 

* Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les constructions publiques ,Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux et les centres d’études techniques de équipement

 

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