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Nadalette La Fonta Six, un handicap invisible et des mots : Portrait

Nadalette La Fonta Six, un handicap invisible et des mots : Portrait
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Femme : Découvrez le portrait de Nadalette La Fonta Six à travers ses multiples facettes

Par Caroline Lhomme. Sa voix est chaude et ferme, au téléphone, et sur les vidéos de ses interventions. Nadalette La Fonta Six est une femme active, avec une brillante carrière dans le marketing et la communication en entreprise, et des engagements associatifs auprès de réseaux féminins, sur les sujets de la parité, de la diversité et de l’inclusion, des missions pour des ONG, notamment en Inde. Mère de trois filles, elle vit actuellement entre Paris et La Rochelle. Opérée d’une scoliose en 2014, elle s’est réveillée paraplégique. Aujourd’hui, elle marche, mais très difficilement. Son handicap est invisible, comme celui de 80 % des personnes handicapées.

Nadalette La Fonta Six mène de front une brillante carrière professionnelle et une vie sociale et personnelle épanouie. Durant de nombreuses années, elle dirige des équipes et des projets variés, dans des environnements complexes et multiculturels, requérant une capacité à conseiller les dirigeants et à travailler dans le cadre de missions mondiales, notamment à travers des fonctions de direction de communication pour plusieurs leaders de l’Industrie. Sur tous les fronts, Nadalette s’active. Femme de caractère, investie, passionnée, elle enchaîne les succès professionnels, occupe une position enviée dans le monde de la communication, du marketing, du management des talents. Mais elle souffre d’une sévère scoliose qu’il faut opérer…

Un accident lors d’une opération

Opérée de sa scoliose en 2014, pour la pose d’une arthrodèse, elle se réveille paraplégique. Pendant près de quarante années, Nadalette La Fonta Six enfouit son rêve : devenir écrivain. Enragée, elle réagit sur son site : « Handicapée ? Oui, mais NON. Cela fait 5 ans que j’oscille, dans ma tête et dans mon corps. Il y a eu l’annonce : vous ne remarcherez jamais plus, et la rebelle, que je suis, a regardé ces experts, ces médecins qui, 24 heures plus tôt, se targuaient de changer ma vie en tellement mieux, pour se demander au nom de quoi le script avait changé. Et profondément ne plus croire en leurs dires, quels qu’ils soient ». Elle raconte : “Pendant un an, j’ai été un vrai légume, je ne pouvais pas même lire… Autant dire que j’ai largement eu le temps de rentrer en moi et de laisser mûrir certaines choses. J’ai été confrontée à la dureté que je m’imposais depuis toujours pour réussir professionnellement et socialement.”

Elle va vivre le milieu hospitalier qui infantilise le patient, la salle de rééducation pour réapprendre au cerveau la verticalité, les membres morts, le « trip » hallucinatoire à la kétamine pour « lisser les douleurs neuropathiques », la souffrance des proches… Nadalette ne lâche rien. Elle passe pratiquement deux ans en hôpital complet ou hôpital de jour, à se rééduquer. Pendant ces années, elle se bat pour reprendre sa vie en main

Un handicap invisible

80 % des personnes handicapées ont un handicap invisible. Celui de Nadalette l’est aussi.

« Aujourd’hui, tout va bien. Je ne fais pas pitié, habillée ? Pourtant, je suis reconnue comme gravement handicapée. Evidemment ma démarche, à vie, façon Laurel et Hardy, plutôt avec la silhouette de Stan Laurel. Et ma canne : celle de votre entorse, vous la connaissez bien. Imaginons, vous me croisez dans la rue, sur votre portable, pressé. Vraiment lente, me bousculez à peine, je m’effondre comme un château de cartes par terre. Vous ne comprenez pas votre faute – mon handicap est invisible ».

Elle a une importante perte d’autonomie, ne peut pas marcher à l’extérieur sans l’aide quelqu’un. Elle souffre de pertes d’équilibre, et en prime, la douleur musculaire et neuropathique cisaille jour et nuit en permanence ses épaules, bras, jambes et pieds.

Sur son site, Nadalette s’exprime à ce sujet : « Cancer, Sclérose en plaques, atteintes neurologiques, troubles de la personnalité, handicap mental, malentendants légers, ceux qui ont des difficultés à s’exprimer, je vous laisse compléter la liste, ce sont nos proches, nos voisins, nos collègues, nos amis. Comme eux, je ne veux pas de pitié, je ne suis victime de rien, j’ai un handicap. Je ne suis pas mon handicap, mais je vous demande d’ouvrir votre esprit et votre cœur ».

Une vie de famille réussie

Nadalette est mariée à Jacques, son grand amour, et a fondé une famille. Elle mène aussi sa vie personnelle, tambour battant, régentant le quotidien, les vacances et les fêtes à la maison… Ses filles, Valentine et Eléonore, des jumelles de 29 ans, et Antoinette, 25 ans. Nadalette ne souhaite pas trop s’épancher sur sa famille, par souci de leur vie privée. 

Le réveil de l’écriture, l’éveil à une nouvelle vie pour Nadalette La Fonta

Son handicap l’a aussi conduit à se transformer et à créer une vie nouvelle où lui a été offert le bonheur d’écrire – rêve abandonné de ses 18 ans. Son premier livre témoigne de comment, la moelle épinière lésée, elle s’est battue pour reprendre sa vie en main et faire que cette expérience de la résilience puisse en inspirer d’autres. « L’opportunité de tribunes plus larges et de conférences s’est ensuite présentée – Jump Forum Paris 2018, Women Forum, TEDx, Debout Citoyennes 2020 d’Eklore au Zénith etc. – m’amenant à nourrir un lien fort avec ses lecteurs et spectateurs ».

L’évidence fait jour. Depuis ses 20 ans, Nadalette portait toujours en elle son rêve d’écriture. À l’encre de sa douleur, de sa colère mais aussi de sa positivité, de son humour, elle trempe sa plume et écrit.

« Le roseau penchant, histoire d’une merveilleuse opération »
« Le roseau penchant, histoire d’une merveilleuse opération »

Six ans après son opération et une intense rééducation, Nadalette a quitté le fauteuil roulant et marche avec une canne. Elle a laissé le costume de business woman et a publié son premier livre : « Le roseau penchant, histoire d’une merveilleuse opération » aux Editions Fauves.

Si la souffrance fut le détonateur de son premier livre, Nadalette La Fonta Six avance aujourd’hui pas à pas, le corps encore hésitant, mais sûre du chemin qu’elle veut poursuivre : l’écriture.

Sa vie, aujourd’hui, c’est renforcement musculaire trois fois par semaine, impératif, tenter de marcher une heure par jour, voir les copines. « Quand on peut voir les copines ! rit-elle. Bavarder au téléphone avec mes filles, lire, lire, lire avec passion, donner des conférences environ une toutes les deux semaines sur les thèmes qui la passionnent. Et écrire des articles et des romans. Mes deux projets sont un roman un peu initiatique à paraître, et un autre roman sur la saga de famille à compter du 17e siècle entre Bordeaux, La Nouvelle Orleans, Cuba et Saint Domingue. J’écris une à trois heures par jour ».

Caroline Lhomme

En photo principale : Nadalette La Fonta Six.

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