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Matériel médical : Quand les aidants deviennent des professionnels

Comment la formation, ou plutôt la déformation, vient aux aidants face au matériel médical
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« Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? » Ou comment la formation, ou plutôt la déformation, vient aux aidants face au matériel médical …

Par Catherine Sanches. Lors de l’accompagnement d’un proche, bien des personnes perdent leur latin, le nord ou leur dictionnaire à force de fréquenter des choses étranges. Les aidants ont souvent affaire à des O.S.N.I. (Objets Spécifiques Non-Identifiés) face au matériel médical. Parfois menaçants, souvent envahissants, ces objets s’invitent dans le quotidien, et imposent de devenir un partenaire de soins sans pour autant qu’on se soit toujours bien soucié de savoir si leur utilité était associée à un projet partagé en toute sérénité.

Car, lorsque nous y regardons de plus près, on a rarement l’occasion de bénéficier d’une initiation à l’ergonomie ou à la rééducation fonctionnelle. Or, quand Marcel a retrouvé son épouse, à son domicile, après une hospitalisation, il est devenu « pro » du jour au lendemain. On lui a demandé d’enlever la table et les chaises du salon, en plus du canapé pour mettre un lit médicalisé et on leur a livré par la même occasion un lève-personne !

Bien entendu, il a compris l’intérêt : cet appareil permet au personnel soignant ou à l’entourage de soulever, transférer déplacer une personne devenue dépendante grâce à des moyens mécaniques et électriques dans des conditions optimales de confort et de sécurité pour la personne aidée… Et pour la personne aidante… Alors là, Marcel a eu quelques doutes ! Un lève-personne mobile assure un soulèvement TOTAL de la personne (sans appui sur ses jambes), le corps soutenu par une sangle : « Mais c’est une grue ! » a-t-il déclaré.

« Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? », s’interrogeait le poète Alphonse de Lamartine. À tout le moins, dans sa maison, ils parlent de nous. Nous avons tendance à extérioriser dans notre environnement le climat psychique que nous souhaitons. On choisira une couleur « miel » pour des murs en douceur, etc. Les objets, les images qui décorent notre maison chuchotent à notre esprit des messages personnalisés. La décoration influe donc aussi sur notre état d’esprit. Alors revenons à Marcel. Qui s’est arrêté pour l’écouter attentivement quand il a déclaré ensuite : « Mais c’est un vrai chantier ici ! ».

Quelque temps plus tard, j’ai eu l’occasion de me réjouir d’un certain progrès dans l’appropriation de ces nouveaux outils par Marcel. Alors que son épouse allait bénéficier d’un soin, je l’entends dire : « Je vais chercher la girafe. » C’est plus sympathique, même si l’animal reste exotique !

D’ailleurs, les animaux reviennent régulièrement dans ce processus de familiarisation. Ainsi, Françoise était très inquiète lorsque le médecin a recommandé à son mari d’utiliser un déambulateur 4 roues pour faciliter et sécuriser ses déplacements. Elle m’a confiée en mode inversé les arguments de l’ergothérapeute du centre de rééducation : elle avait peur qu’il tombe avec, qu’il perde l’équilibre à cause de lui… Tant et si bien qu’elle souffrait à l’idée qu’il récupère suffisamment de force pour s’en servir…

Pour la rassurer, j’ai eu l’idée de lui en mettre un dans les mains. Comme ça, pour rien, juste pour se faire une idée par elle-même. Elle l’a pesé, un peu malmené, fait rouler, a bougonné puis me l’a rendu sans plus de commentaires qu’une moue dédaigneuse. Elle ne voyait visiblement pas vraiment cette aide technique comme une alliée ! Alors, de là à ce qu’elle lui donne un prénom !

Quelque temps plus tard, dans une ambiance printanière, je retrouve le couple à l’extérieur. « Je vous présente Jojo ! » me dit Françoise, l’œil malicieux. « Avec lui, mon mari trotte comme un lapin ! ». Monsieur n’a rien ajouté, mais tous les trois, ils pouvaient cheminer physiquement pour l’un et psychologiquement pour l’autre.

Sur un autre registre qui touche aussi au matériel médical, je suis régulièrement touchée par le regard triste des aidants quand ils me glissent que le parfum de leur maison a changé : « Ça sent l’hôpital maintenant. » C’est plus subtil mais tout aussi important !

C’est ainsi que j’ai découvert les vertus d’une huile essentielle utilisée dans un diffuseur par la fille d’une vieille dame : géranium rosat. Peu importait ses qualités anti-infectieuse, anti-inflammatoire, antispasmodique, et j’en passe. Elle avait le don de « donner une claque aux odeurs laissées par les infirmières ». Cette huile essentielle, également utilisée en parfumerie, donne une délicate ambiance par le parfum de rose.

Vous suivez ? Si ça ne sent pas toujours cette fleur chez nous, et si on a du mal à voir la vie de cette couleur, réagissons comme ces aidants, faisons preuve d’humour et de créativité.

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