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MainTenir : Dans les coulisses d’une association d’aide à domicile

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Guillemette Fayet, Directrice de l’association MAINTENIR partage son point de vue sur le maintien à domicile et nous parle du métier d’auxiliaire de vie.

 

MAINTENIR, qu’est-ce que c’est ?

 

MAINTENIR est une association à but non lucratif qui a été créée en 1978. Elle est spécialiste de l’aide quotidienne à domicile des personnes dépendantes handicapées, âgées, ou malades. L’association intervient sur toute l’agglomération lyonnaise. Elle dispose de l’agrément qualité et de la certification AFNOR, et elle est tarifée par le Conseil Général du Rhône : c’est-à-dire que lorsqu’un bénéficiaire de la PCH (Prestation de Compensation du Handicap) ou de l’ADPA (Aide Départementale Personnalisée à l’Autonomie pour les personnes âgées) fait appel à nos services, il ne paye qu’à hauteur de la prestation qui lui est allouée, et le Conseil Général nous rembourse la différence sur la base d’un tarif horaire imposé chaque année – en contrepartie, le Conseil Général contrôle notre budget annuel et assure un suivi approfondi de la qualité de nos services basé sur une charte que nous nous engageons à respecter.

En 2013, Main Tenir a réalisé 348 000 heures d’intervention à domicile, principalement auprès de personnes en situation de handicap. Elle comptait 284 salariés (auxiliaires de vie) en prestataire au 31 décembre 2013. À noter que Maintenir gère également une activité de mandataire (gestion d’environ 60 assistants de vie pour le compte de particuliers  employeurs).

 

 

Quel est le rôle d’un ou d’une auxiliaire de vie ?

– L’auxiliaire de vie doit aider les personnes qu’il accompagne à réaliser les actes essentiels de la vie : toilette, habillage, prise des repas, déplacement au domicile et à l’extérieur, courses, loisirs, démarches administratives, prise de rendez-vous médicaux, entretien du cadre de vie…

– Il veille sur l’évolution de la personne, la stimule, et parfois peut l’aider à réapprendre certaines tâches devenues difficiles, comme par exemple éplucher des légumes ou entretenir du linge.

– Il aide la personne à communiquer avec ses proches ou sert d’intermédiaire si elle ne peut pas parler.

– L’auxiliaire de vie fait également le lien avec les infirmières ou les aides-soignants.

 

Un auxiliaire de vie peut être amené à entrer dans la vie intime des personnes qu’il aide. Jusqu’où peut-il s’impliquer ?

Effectivement, il est parfois difficile d’instaurer les bonnes limites dans cette relation triangulaire (bénéficiaire, salarié et association). Pour aider nos salariés dans leur travail, nous organisons régulièrement des formations et rappels sur les limites du métier du domicile. On leur explique que leur mission ne doit pas empiéter sur celle des autres professionnels, médical et paramédical, ni sur leur propre vie privée et intime. Il s’agit notamment d’éviter trop de familiarité, les « copinages » et les conflits. Toutefois, la plupart du temps, les relations sont bien établies, avec un respect mutuel et une distance appropriée. Nous essayons d’ailleurs toujours de former des binômes auxiliaire-personne aidée qui coïncident bien.

 

Quel regard portez-vous sur le secteur des services à domicile ?

C’est un secteur en plein devenir avec environ 800 000 personnes aidées en France actuellement. En 2040, l’aide humaine à domicile devrait concerner 1,2 millions de personnes.

 

Est-ce un secteur qui recrute ?

C’est un secteur en développement, qui recrute et qui peine à recruter du personnel formé, et même à trouver des personnes qui s’orientent vers les professions de l’aide à domicile. À cela s’ajoute un turn-over important. Des jeunes viennent vers nous, puis choisissent rapidement de faire autre chose. C’est en partie lié au fait que ce secteur n’est pas attractif : le métier d’auxiliaire de vie est difficile, mal reconnu, et faiblement rémunéré malgré des conditions et horaires de travail souvent contraignants.

Pour améliorer la situation il faudrait donc rendre ce secteur plus attractif, en améliorant les conditions de travail et de rémunération. Nous avons une convention collective tout à fait correcte mais les barèmes n’évoluent pas.

Si le projet de loi d’adaptation au vieillissement aboutit, cela devrait aussi ouvrir de nouvelles perspectives pour nos salariés comme pour les personnes aidées.

 

Qu’en est-il des recrutements de l’association MAINTENIR ?

Nous recrutons en permanence. On recherche en priorité des personnes titulaires du diplôme d’auxiliaire de vie sociale ou du titre intermédiaire d’« assistant de vie », qui mène ensuite au diplôme. Nous accueillons en outre des stagiaires que nous pouvons embaucher ensuite. Un plan de formation continue important est également mis en oeuvre chaque année pour nos salariés, plus de 4 200 heures en 2013.

Le recrutement d’auxiliaires de vie étant très difficile, nous avons créé en 2010, aux côtés de quatre autres associations (Maxi aide Grand Lyon, Votre enfant après l’école, ADIAF-SAVARAHH et SMD Lyon) un groupement d’employeurs destiné à recruter des intervenants à domicile : « Le Carré social associatif ». Chaque employeur du groupement fait ainsi part de ses besoins à une chargée du recrutement. Les cv peuvent être envoyés à l’adresse mail : [email protected] (04.78.96.76.59). Les objectifs de recrutement du groupement sont fixés à 260 nouveaux salariés par an : employés à domicile, agents à domicile, auxiliaires de vie sociale, aides-soignants et gardes d’enfants.

 

Quelles sont les qualités essentielles pour être un bon auxiliaire de vie ?

Il faut aimer aider les autres, être autonome, organisé et mobile à l’échelle de l’agglomération, et savoir prendre des initiatives (organiser les tâches de la semaine, réagir au mieux en cas de problème, contacter un médecin en cas de nécessité…). Il faut également faire preuve de politesse, de courtoisie, de ponctualité et de non-jugement, être discret et savoir respecter la confidentialité. Il est également important de maîtriser la langue française écrite et orale, pour pouvoir aider aux démarches administratives et parfois intervenir sur des lieux de formation ou de travail. Par ailleurs, il faut être assez disponible pour pouvoir assurer des interventions certains week-end et jours fériés.

 

Plus d’infos sur : www.maintenir.asso.fr

 

Salariés de l’association MAINTENIR, Dominique et Yolène sont tous deux auxiliaires de vie sociale depuis plus de dix ans. Ils témoignent au sujet de leur mission quotidienne.

 

 

Dominique, 53 ans

Je suis salarié de l’association MAINTENIR depuis 2003. Auparavant je travaillais dans le commerce, puis je me suis reconverti, d’abord au GIHP, puis à Main Tenir. Je travaille en tant qu’auxiliaire de vie sociale, uniquement la nuit, entre 20 heures et 8 heures du matin et le plus souvent auprès de personnes ayant une grande dépendance.

Lorsque j’arrive le soir chez une personne, je prends connaissance du cahier de liaison et j’échange quelques informations avec la personne dont j’assure la relève. Nous relatons ensemble, avec le bénéficiaire, les événements de la journée. Viennent ensuite les préparatifs pour la nuit : la détente progressive, le dialogue, ainsi que les différents rituels comme la prise des médicaments. Durant la nuit, je reste dans une pièce voisine, prêt à intervenir en cas de besoin. Les gens peuvent nous appeler à la voix, ou sonner avec un bip à la main. Les personnes ayant des problèmes musculaires peuvent avoir besoin d’être tournés assez souvent par exemple. Je ne travaille pas avec une blouse, mais j’ai tout de même une tenue spécifique au travail.

Ce qui me plaît le plus dans mon métier, c’est le contact avec les autres, le fait d’apporter assurance et soutien aux personnes qui en ont besoin, et de faire face avec elles à leur quotidien. Il y a également un fort esprit d’équipe, avec les autres intervenants auprès du bénéficiaire (infirmières…), mais aussi avec l’équipe d’auxiliaires, et parfois la famille qui assure le relai.

Les difficultés quant à elles, sont liées au travail de nuit qui implique de toujours être vigilant et de gérer seul les éventuels problèmes – mais on peut choisir de travailler le jour ou la nuit – et au fait de faire face à la réalité la maladie et à son évolution. Même si on fait attention à ne pas trop s’attacher, et que l’on garde une distance professionnelle, il est parfois dur d’accepter que la maladie avance, et ce, que l’on fasse bien notre travail ou non. Il faut également savoir s’adapter rapidement aux situations qui se présentent : faire avec les moyens du bord, par exemple s’il manque des outils, et ne pas montrer ses difficultés à la personne aidée.

Pour être un bon auxiliaire de vie, je pense qu’il faut être discret, avoir un bon relationnel, des qualités d’observation et d’écoute, une bonne hygiène, être dynamique, sérieux, et ponctuel. Les personnes que nous aidons comptent beaucoup sur nous et chaque retard peut être perçu comme une absence et leur fait perdre la confiance qu’ils ont en nous.

 

 

Yolène, 56 ans

Je travaille comme auxiliaire de vie sociale au sein de l’association MAINTENIR depuis 2000. J’interviens depuis peu la nuit auprès de personnes très dépendantes, mais j’ai longtemps travaillé en journée et je vais plutôt revenir sur cet aspect-là pour donner une vision complémentaire par rapport aux propos de mon collègue.

Le matin, lorsque j’arrive chez le bénéficiaire, à 8 heures, je prends la relève du ou des auxiliaires de vie de nuit. On échange quelques minutes et je consulte le cahier de liaison. Puis je dialogue un moment avec le bénéficiaire. Je l’aide ensuite à accomplir tous les rituels du matin : lever, toilette, habillage… en utilisant le matériel adapté, comme le lève-personne, le lit-douche. Je le laisse également seul un moment s’il le souhaite. Je fais son lit et je l’aide à prendre ses médicaments s’il me le demande. Je l’aide à préparer et à prendre son petit déjeuner, puis à s’installer ensuite où il le souhaite, par exemple devant son ordinateur. Plus tard, je m’occupe un peu du ménage et de l’entretien du linge. Après, il y a toujours quelque chose à faire. Le bénéficiaire m’appelle s’il a besoin d’être repositionné ou de sortir faire des courses. En fait, le programme est différent selon chaque situation d’accompagnement car nous répondons aux demandes des bénéficiaires. Tout dépend donc de leurs difficultés et de leurs activités au cours de la journée. Ce sont eux qui décident.

Ce qui me plaît dans ce travail c’est le fait d’apporter mon aide, de me sentir utile, d’apporter un soutien moral et physique, d’être à l’écoute, et de partager de nombreux moments.

La principale difficulté réside dans l’aspect très physique de ce travail, en particulier la journée. Il faut faire attention et appliquer les bons gestes pour ne pas se faire mal au dos. D’autre part il faut garder à l’esprit que les personnes aidées sont dans une situation difficile et ne l’acceptent pas toujours, d’où l’importance d’être patient et de bien réagir même en cas de sautes d’humeur, et même lorsqu’on l’on a soi-même des problèmes personnels en tête. D’un autre côté, face à des situations très graves, on relativise souvent nos propres bobos.

 

Pour un bon auxiliaire de vie, je pense donc qu’il faut être patient et à l’écoute de l’autre, sinon il faut changer de métier. Il faut aussi savoir s’adapter à la réalité de la maladie et prendre des décisions lorsque c’est nécessaire.

En comparaison, je dirais que le travail de nuit est moins physique et permet plus d’échanges, mais qu’il implique de ne pas beaucoup dormir et de gérer seul la situation si un problème survient.

 

* À noter que les amplitudes horaires des intervenants à domicile sont très variables : ils peuvent varier de quelques heures d’aide chaque jour chez différentes personnes aidées à une nuit ou une journée complète chez la même personne.

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