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Lumière sur la dyslexie

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Maman d’une jeune femme dyslexique et membre de l’association Apedys Rhône, Nicole Philibert nous apporte un éclairage sur la dyslexie. 

Qu’est-ce que la dyslexie ?
C’est un trouble de l’identification du mot écrit qui pénalise  la lecture et  la compréhension  d’un texte et entraîne une grande fatigabilité. Très souvent les personnes dyslexiques ont au départ un trouble du langage oral mais ce n’est pas  systématique.

Pour lire on utilise simultanément  deux voies de lecture :

–       La voie phonologique  qui permet de lire en assemblant  c’est le principe du B.A =BA

–       La voie lexicale qui permet de lire plus rapidement par reconnaissance  d’un mot stocké en mémoire.

Lorsqu’une de ces voies est défaillante on parle de dyslexie.  On distingue donc deux grandes formes de dyslexies : la dyslexie phonologique  et  la dyslexie lexicale. Il est possible d’avoir les deux types de dyslexie en même temps, dans ce cas on parle de dyslexie mixte.

On lit en principe naturellement sans effort, mais pour quelqu’un qui est dyslexique cet automatisme ne fonctionne pas. Les difficultés peuvent être compensées plus ou moins, mais cela oblige toujours à travailler beaucoup plus et cela  entraîne toujours une plus grande lenteur et une immense fatigabilité, très souvent mal comprises par l’entourage.

Comment savoir si l’on souffre de dyslexie ?
Tout ce qui est différent chez un enfant par rapport aux autres enfants du même âge doit retenir l’attention. En se développant, l’enfant met en place des habiletés et ce processus peut être plus ou moins rapide d’un enfant à l’autre, il faut  être attentif à cette évolution. Si l’enfant évolue très lentement ou ne sait pas faire quelque chose, je recommande de s’interroger et d’éviter de lui faire des reproches. Les difficultés peuvent être transitoires et / ou se compenser rapidement avec une rééducation, dans ce cas il ne s’agit pas d’un trouble dys. Pour autant, il convient d’agir dès les premières difficultés, le plus tôt possible. Si malgré tout les difficultés  persistent dans l’apprentissage de la lecture, alors il peut s’agir de dyslexie. Comme les automatismes de lecture se mettent en place vers l’âge de 8 ans/ 8 ans et demi, jusqu’à l’âge de 8 ans, on parlera d’un retard dans l’apprentissage de la lecture, et c’est seulement après l’âge de 8 ans et demi que le  terme dyslexie pourra être employé. Le diagnostic ne peut être  posé que par un médecin : il s’agit d’un acte médical réalisé à partir de bilans faits par des professionnels.

Pouvez-vous donner une estimation du nombre de personnes concernées par la dyslexie en France ?
Le rapport publié par l’INSERM en 2007 estime que 6 à 8% de la population est concernée par la dyslexie. En réalité il est très difficile de répondre à cette question précisément. Selon les définitions  utilisées les études peuvent montrer des écarts très importants (par exemple aux États-Unis les estimations vont de 4.5% jusqu’à 12% de la population)

Comment une personne souffrant de dyslexie peut-elle compenser ses difficultés ? Et comment son entourage peut-il l’aider ?
Deux démarches sont particulièrement importantes : la réalisation du diagnostic par un médecin et l’accompagnement de la personne dys.

Chez l’enfant, l’accompagnement doit être mis en place dès que des difficultés apparaissent, même si le diagnostic de trouble dys n’a pas été posé. Ainsi,  un enfant peut bénéficier  d’aménagements pédagogiques dans le cadre d’un PPRE (Programme Personnalisé de Réussite Educative). Quand le diagnostic est posé, il peut y avoir la mise en place d’un  PAP (Plan d’Accompagnement Personnalisé) ou d’un PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) qui apporte un soutien plus complet (aide humaine et /ou matérielle) car on entre dans le champ du handicap. Les parents n’osent pas toujours faire une demande de reconnaissance de situation de handicap pour une dyslexie car ils ne veulent pas associer le trouble de leur enfant à un handicap. Pourtant, en fonction des répercussions  du trouble sur la vie quotidienne  il peut être nécessaire de le  faire pour permettre à l’enfant d’avancer plus facilement.

D’autres conseils ?
Aux parents, jeunes et adultes, je recommande de ne pas rester seuls et de ne pas hésiter à aller s’informer et d’adhérer à des associations. À l’entourage, je conseille de rester bienveillant et de se rappeler que si la personne dyslexique dit qu’elle ne peut pas faire quelque chose, ce n’est pas parce qu’elle n’a pas envie de le faire. Quant aux enfants, je pense qu’il est très important qu’ils gardent des temps de loisirs entre l’école et les séances de rééducation. Dans le cerveau l’aire motrice est très proche de l’aire auditive et de l’aire visuelle, une activité physique peut aider l’enfant construire de nouveaux réseaux neuronaux qui l’aideront aussi à compenser son trouble. 

Et au travail : Quelle est la meilleure attitude à adopter pour l’employeur et les collègues d’une personne dyslexique ?
Je pense qu’un gros travail de sensibilisation est nécessaire en milieu professionnel. Il y a des personnes dyslexiques dans toutes les entreprises et parfois elles-mêmes ne le savent pas. Ces personnes peuvent être très créatives car elles sont habituées à contourner les problèmes en trouvant d’autres solutions. Il s’agit souvent de personnes volontaires et travailleuses qui ont mis en place énormément de stratégies pour parvenir à faire comme les autres.

Lorsqu’un salarié est dyslexique, l’idéal est que lui et son employeur puissent en discuter, afin de voir si des aménagements pourraient être mis en place pour diminuer sa fatigabilité et rendre son travail plus efficace. Cela peut passer par exemple par l’installation d’un logiciel qui change la police d’écriture, un correcteur orthographique… Les solutions à apporter ne sont pas forcément compliquées à mettre en œuvre, l’essentiel est de pouvoir en parler et d’étudier chaque situation au cas par cas.

À lire : « DYStinguons les DYS »

À l’occasion de la Journée des Dys Rhône-Alpes, les associations de l’UDRA lanceront officiellement le livret : « DYStinguons les DYS»  écrit par Nicole PHILIBERT. Il explique les différents troubles dys et apporte un éclairage complet sur leurs répercussions et sur toutes les questions qui peuvent y être associées (droits, sites ressources, démarches administratives, conseils pratiques…). Cet ouvrage sera proposé au prix de 5 euros et disponible lors de la Journée des Dys, puis auprès de toutes les associations membres de l’UDRA.

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