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Métiers du médico-social : Gros plan avec l’Ecole Santé Social Sud Est

Ecole Santé Sociale Sud Est : à la croisée de nombreux métiers du médico-social
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Ecole Santé Social Sud Est : À la croisée de nombreux métiers du médico-social

L’Ecole Santé Social Sud Est est une association loi 1901 qui forme les jeunes et les adultes à des métiers de la santé, du social et donc du médico-social par transversalité. L’école est née en 1933, à Lyon, pour former à l’époque des assistantes sociales. Puis rapidement, en 1934, elle forme des jardinières d’enfants et propose de l’enseignement ménager. Son offre de formation s’élargit en 1939 aux auxiliaires sociales, en 1950 aux infirmières, et elle comprend aujourd’hui plus de 100 formations qui orientent vers les métiers du médico-social.
Cette école implantée à Lyon et à Valence est une référence régionale et nationale, et elle développe de forts liens à l’international.
Maryse Bastin Joubard, directrice générale, nous éclaire sur la philosophie de l’école, sur ses filières et sur les débouchés médico-sociaux qu’ouvrent ces filières.

Quelles sont vos filières médico-sociales et en quoi se distinguent-t-elles des autres domaines de l’école que sont le sanitaire et le social ?
Cette question pose bien le contexte du médico-social qui est toujours au carrefour entre le sanitaire et le social, avec de vraies interrogations sur son avenir : basculera-t-il totalement du côté du social si tout devient inclusif, y compris la santé publique et la prévention, ou basculera-t-il du côté du sanitaire si quelque chose se technicise « encore davantage ». En gros, je pourrais dire que toutes nos filières pourraient potentiellement être concernées par le médico-social, si on prend nos métiers canoniques fondateurs de l’école, infirmier, assistant social, éducateur jeune enfants. L’infirmier, si l’on prend cet exemple, est celui qui par définition est dans le sanitaire et effectue des gestes techniques. Mais c’est aussi le coordonateur de soins, celui qui suit les dossiers médicaux, nous  sommes au cœur du médico-social. Ce qui définit le médico-social, c’est l’institution et le public. Le médico-social est de plus en plus prégnant si l’on rentre dans les maladies chroniques. Est-ce que l’on situe le patient en sanitaire avec les soins ambulatoires ou en médico-social avec un support accompagnement social ? Du côté des assistantes sociales, c’est par définition le métier canonique du social que l’on trouve partout sur la question des droits, de la constitution des dossiers, de l’ouverture des droits, de l’information des familles… On retrouve les assistantes sociales dans le médico-social de façon évidente.  Pour les éducateurs jeunes enfants, métier créé du côté de « la bonne santé », de l’enfant lambda citoyen, la crèche…  Du côté de la société inclusive, dans le cas de l’enfant handicapé qui doit être intégré dans une crèche par exemple, on retrouve l’éducateur « jeunes enfants » avec des compétences médico-sociales. Donc on voit bien que la notion est très labile selon ce qu’il se passe.

En ce qui concerne les autres métiers comme auxiliaire de puériculture petite enfance c’est identique, les aides-soignantes, même situation, qui peut pencher d’un côté comme de l’autre. Au niveau des accompagnants éducatifs-social nous sommes en plein cœur de ce qui devrait être ce nouveau métier éducatif et social, qui incarnerait le secteur médico-social puisqu’il est censé avoir une orientation en institution, une orientation à domicile, et qu’il est même censé avoir son orientation éducation inclusive, c’est-à-dire un accompagnement des enfants handicapés dans les écoles de droit commun. Si on prend l’animation loisirs tout public, nous sommes aussi dans les mêmes recoupements. Quand je regarde tous les métiers que nous abordons ici, chacun peut prétendre être à un moment ou à un autre dans le médico-social. Donc soit le médico-social est un grand fourre-tout, soit c’est le médico-social qui se dilue dans les métiers. La question n’est pas tranchée.

Sur quelles bases les étudiants font-ils leur choix ?
Ce qui réunit la majorité des étudiants de l’école, c’est le côté du soin et du prendre soin. Ensuite il y a la question de l’information au niveau du grand public car tous nos métiers ne sont pas facilement identifiables. On peut repérer ce qu’est une assistante sociale ou une infirmière, c’est déjà moins le cas pour un éducateur jeunes enfants ou un éducateur spécialisé. L’attractivité de tous ces métiers est en train de s’effriter car il y a très peu de reconnaissance et c’est plutôt mal payé. Une assistante sociales bac+3 c’est le SMIC pour commencer, soit 1100 euros net. Une infirmière c’est 1500, nous sommes loin des rémunérations des jeunes diplômés d’écoles de commerce ou d’ingénieurs.

Quel est le temps de formation nécessaire pour les métiers du médico-social ?
Pour les niveaux 2 nous sommes à trois ans, les niveaux 4 et 5, d’une année à 18 mois mais avec la grande réforme de la formation professionnelle, ce sera intéressant d’observer comment les études vont se dérouler. La grande idée actuelle c’est la formation tout au long de la vie, donc on peut imaginer qu’il est désormais possible, y compris pour obtenir un diplôme d’Etat, de valider des semestres, un peu comme à l’université, et de faire son diplôme d’Etat au fur et à mesure de la vie.
Pour moi l’avenir va se reposer sur la question de la coordination du parcours des personnes avec des formations de niveau 2, assistantes sociales, infirmières… Il doit s’agir de personnes qui ont suffisamment de hauteur de vue, de capacité d’analyse et de méthodologie pour analyser la problématique globale de la personne. À terme ces coordonnateurs de parcours se coloreront de leur spécialité initiale. Les gestes techniques se concentreront, je pense, dans les institutions spécialisées (clinique, hôpital, consultation en maison médicale…). Mais la grande masse de tous les professionnels qui entreront dans leurs parcours pour des petits accidents de la vie ou simplement le vieillissement, ce seront des niveaux V (CAP, BEP), des niveaux IV (bac) dans le meilleur des cas. Un des grands enjeux de l’école comme de la formation, c’est d’outiller tous ces métiers qui ne font pas rêver actuellement. Dans l’avenir ce sont ces personnes qui vont être les aidants sur lesquels nous allons devoir compter.

Quel est le niveau des personnes qui se dirigent dans ces filières aides à la personne et vers les métiers du médico-social ?
Du côté des AES (Accompagnant Educatif et social), ce sont des personnes infra bac, mais aussi  des femmes, souvent de milieu modeste,  inscrites dans des reconversions professionnelles avec une moyenne d’âge supérieure (40 ans et plus) libérées en partie de la charge de leurs enfants scolarisés. Malheureusement le service à la personne en France est très mal considéré. Du côté des auxiliaires puéricultrices, on rajeunit avec des jeunes femmes qui sortent de bacs spécialisés. Le problème majeur dont souffrent ces métiers vient de l’organisation. Les personnes qui choisissent ces filières ont de vraies appétences et de vraies valeurs et sont motivées, mais elles se confrontent aux contraintes d’organisation du type services à la personnes, médico-social en IME ou MAS, Ehpad. Quand on voit les horaires, la gestion des équipes… il ne suffit pas d’être motivé et bien formé car le temps que ces personnes pourront réellement consacrer au soin est très réduit, voire inexistant, et ceci à cause en grande partie des contraintes économiques et techniques du secteur.

Il faut donc prévenir l’usure de ces professionnels et leur donner les moyens de se ressourcer psychiquement. C’est un des enjeux majeurs de ce secteur. L’une des solutions pourrait être de proposer une alternance qui permettait de changer de métier et de contexte sur une année mais aussi de proposer des formations pratiques en cours d’année à ces personnes pour leur donner accès à d’autres facettes de leur métier. Je suis convaincue que c’est de cela dont les gens ont besoin car cela va être compliqué de changer les conditions de travail. Mais pour cela, ils doivent être rassurés sur la poursuite de leur carrière dans l’établissement, et sentir qu’on aura toujours besoin d’eux. C’est de la GPEC pure (Gestion prévisionnelle des Emploi et des Compétences).

Comment le secteur médico-social peut-il encore attirer des vocations ?
C’est aussi un enjeu actuel qui peut trouver une solution avec les organisations libérées, c’est-à-dire celles où chaque personne est rendue autonome et responsable de ce qu’elle fait. C’est la solution que la Norvège a adoptée au moment où elle traversait ce même type de crise. Le secteur s’est organisé autour d’équipes locales totalement autonomes, comme si c’étaient des auto-entrepreneurs, le tout bien sûr, encadré de normes et de veille des pratiques et de sécurisation dans l’emploi Ça marche extraordinairement bien. Au-delà des problèmes d’argent du secteur il faut continuer à offrir une part de rêve aux personnes car c’est important et pour cela on peut trouver des projets qui ne sont pas nécessairement coûteux.

Ce qui va fondamentalement changer cette question du rapport au travail et des organisations, c’est le numérique et la digitalisation. Et ça va aller beaucoup plus vite que l’on ne le croit. Le numérique va faciliter l’accès à l’information, aux échanges et devrait libérer du temps pour la pratique et l’humain.

En photo : Maryse Bastin Joubard, directrice générale de l’École Santé Sociale Sud Est.

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