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L’éclosion d’Olivier

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Un soir de novembre à Lyon. Olivier Ducruix nous a donné rendez-vous au pied de son nouvel appartement. Quand on le voit arriver de l’autre côté de la rue, cheveux poivre et sel et sourire en coin, on est d’abord surpris par sa facilité à se déplacer. Pas de canne blanche, ni d’aide particulière. Atteint de la maladie de Stargardt, pathologie génétique entraînant une altération progressive de la rétine, Olivier n’est pas totalement aveugle, mais ses capacités visuelles restent minimes. « Me servir d’une canne est un cap psychologique que je n’ai pas encore franchi », nous avouera-t-il un peu plus tard.
Dans son salon, deux étuis de guitare sont posés au sol. Depuis la sortie en juin dernier de son premier album solo La Joconde Blonde, l’auteur-compositeur- interprète jongle entre son travail d’ingénieur en informatique à l’Insa (Institut National des Sciences Appliquées) de Lyon et les concerts. Il s’exprime calmement, parfois timide, sur son enfance, sa famille, son histoire. Lorsqu’on aborde la musique, son visage s’illumine et son sourire s’élargit.

Festif, drôle et poétique
Né en 1966 dans le Beaujolais, Olivier a grandi à la campagne dans une famille où l’on aimait « l’accordéon et la musette ». « Mes parents étaient d’excellents danseurs de valse », souligne-t-il. Son enfance est bercée par Brassens, Brel et Vian. Plus tard, Téléphone et Jean-Louis Aubert viendront rythmer ses années rock. Ado, il apprend la guitare. Des textes fleurissent alors dans son esprit et le poussent à concocter ses premières chansons. Au début des années 2000, il intègre l’École Nationale de Musique de Villeurbanne où il apprend les règles d’or pour composer. En 2007, nait Rendez-Vous, un premier album autoproduit et enregistré avec les musiciens du groupe Océo et sous leur nom. « Par solidarité », affirme-t-il. Mais aussi un peu par pudeur.
La Joconde Blonde produit par le label Z Production lui permet de faire son entrée seul sur le devant de la scène. Le disque alterne entre rythmes entraînants et festifs et balades sensibles et poétiques. La vie, la mort, la planète et surtout les femmes… « Et au travers des femmes, l’amour », précise le chanteur. Ainsi la chanson La Joconde blonde relate une aventure avec une « miss cata ». « C’est une espèce de créature, un peu l’air de la Joconde mais en bien plus blonde », chante-t-il.
Dans Le monde à l’envers, il développe avec humour et ironie l’exploitation de l’homme par la femme. « Non seulement elle n’en fout pas une mais elle trouve ça normal. Déjà qu’elle ramène toute la thune alors faut pas que je râle », chante Olivier. Mais là encore, derrière la provocation, se cache l’amour : « Dix ans que je suis avec elle, dix ans que la vie est belle ». « J’observe beaucoup, explique-t-il. Certains de mes textes sont inspirés par des scènes de la vie quotidienne dont je suis témoin. Une fois que l’idée a germé, je creuse, je brode et je vais plus loin. » En attendant de se faire une place dans l’univers de la chanson française, Olivier peut déjà se réjouir de plusieurs lauriers. Son titre À mon père, touchant hommage, a été sélectionné pour faire partie de la bande son d’un film mexicain, tandis que son album est joué sur plusieurs radios locales étrangères. « Quand je pense que peut-être en ce moment, une personne dans un taxi au Caire est en train d’écouter La Joconde Blonde… Cela suffit à me combler. »

Romain Desgrand

Pratique
L’album La Joconde Blonde est disponible sur www.olivierducruix.com

Sa musique, un outil de sensibilisation

 

Même s’il affirme « assumer son handicap et n’avoir jamais eu pitié de lui », Olivier avoue avoir encore parfois du mal à en parler. Avec la chanson « Donne-moi des yeux » (Rendez-vous) l’artiste se lâche. « Je chante cette chanson à tous mes concerts », souligne-t-il. « C’est un texte que je vis, que j’interprète comme au premier jour ». « Une autre forme de sensibilisation, c’est de conduire mon projet, coûte que coûte, aussi exigeant soit-il, en « oubliant » mon handicap, et en le faisant oublier aux autres, écrit Olivier sur son site Internet. Lorsque je suis sur scène, je suis un interprète qui tente de transmettre son énergie et de partager des émotions avec son public, sans autre considération ». En parallèle, il participe au dispositif AccessiConcerts qui propose d’organiser des évènements regroupant d’une part une sensibilisation au handicap et à l’accessibilité et d’autre part un concert réalisé par des artistes handicapés.

Contact AccessiConcerts :
[email protected] ou 04 72 44 28 73
Site Internet : www.mbj-chansons.fr

 

Photo : Alain Bouchareissas

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