Homme paralysé cherche première expérience sexuelle

Dans les salles de cinéma à partir du 6 mars, The Sessions relate l’histoire vraie de Mark O’Brien. Poète, cet homme paralysé de 38 ans décide d’exister pleinement et de goûter aux plaisirs émotionnels et charnels. Il engage alors Cheryl, une assistante sexuelle qui va l’accompagner dans sa découverte de l’intimité. La rencontre s’annonce bouleversante…

 « Homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé… Amatrices de promenade sur la plage s’abstenir… ». Toute la tonalité de The Sessions pourrait se résumer dans cette petite annonce que Mark fait paraître. Sincère. Sans pathos. Touchant. Et terriblement drôle. 

La vie de Mark (incarné par John Hawkes) n’est pourtant pas rose. Ayant survécu à une attaque de polio dans son enfance, ce journaliste et poète passe la plupart de son temps dans un poumon d’acier dont il ne sort que quelques heures par semaine. Lorsqu’il décide de jouir pleinement de sa vie et de perdre sa virginité, sa route croise celle de Cheryl Cohen-Greene, une assistante sexuelle interprétée par la belle et talentueuse Helen Hunt. Convaincue de l’importance de la sexualité dans l’identité humaine, elle va l’accompagner, lors d’un nombre de séances limité, dans la découverte de son corps et du sien. 

Une histoire vraie

Le réalisateur et scénariste Ben Lewin s’est inspiré de la vie du vrai Mark O’Brien décédé en 1999 à 49 ans. Celui-ci a raconté son expérience avec une assistante sexuelle dans l’article On Seeing a Sex Surrogate publié en 1990 dans le maga-zine littéraire The Sun. Le témoignage n’a pas touché Lewin par hasard. « Comme lui, j’ai contracté le polio lorsque j’étais enfant, raconte le réalisateur. Comme lui, cela ne m’a pas empêché de réussir ma carrière. Lorsque je suis tombé sur son article sur l’assistance sexuelle, je me suis dit que cela ferait une bonne idée de film ». S’appuyant sur les écrits du journaliste, rencontrant des proches, dont la dernière compagne de Mark, le réalisateur a concocté un film fidèle à la réalité, sans mièvrerie.

Alors que l’assistance sexuelle suscite de vives réactions, le film de Ben Lewin offre un exemple concret du rôle thérapeutique de cette aide. En France, sur le plan légal, l’assistance sexuelle est assimilée à la prostitution. Ainsi, si un membre du corps médical organisait une rencontre sexuelle, il risquerait d’être accusé de proxénétisme. Le statut d’aidants sexuels existe pourtant officiel-lement en Allemagne, aux Pays-Bas, au Danemark et en Suisse. 

Fin 2011, un rapport de Jean-Fran-çois Chossy, ex-député UPM, soulignait l’urgence de réfléchir à des solutions, de « rechercher sereinement un cadre juridique et éthique si l’on décide d’entériner l’inter-vention d’un(e) assistant(e) sexuel(le) ». Roselyne Bachelot, à l’époque ministre des Solidarités avait exprimé son refus de légiférer sur la question, assimilant l’aide sexuelle à de la prostitution. The Sessions pourrait bien raviver ce débat sensible.

« À mon sens l’histoire de Mark ne raconte pas ce que c’est que d’avoir la polio ; elle évoque ce que c’est que d’avoir un corps, peu importe sa forme. C’est un regard très positif sur la sexualité », raconte Helen Hunt qui a rencontré et échangé avec la vraie Che-ryl Cohen-Greene pour préparer son rôle. « Je ne connaissais pratiquement rien sur l’assistance sexuelle avant de jouer ce rôle et de rencontrer Cheryl. Mais j’ai rapidement découvert qu’il s’agit d’un métier sérieux – même s’il s’aventure sur un territoire délicat – un métier qui aime les gens à guérir. Je peux uniquement parler de l’assistante sexuelle que j’ai rencontrée, Cheryl, mais je pense que le fait que son travail soit d’aider les gens à avoir du plaisir dans leur vie et à ne pas se sentir bizarre ou à ne pas faire de fixation sur certaines choses, est merveilleux. Cheryl était très enthousiasme à propos du film, très ouverte et généreuse d’esprit… Je lui ai posée toute les questions possibles. Et j’ai découvert que cette profession était une vocation pour elle. »