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Handicapé, valide: deux poids, deux mesures face au viol ?

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A Mulhouse se déroule actuellement devant la Cour d’assises du Haut-Rhin, le procès d’un homme  de 48 ans, qui comparaît pour viols et agressions sexuelle. De 2002 à 2004, il avait abusé de deux jeunes ouvriers handicapés du CAT (centre d’aide par le travail) haut-rhinois où, lui-même handicapé plus léger, travaillait en atelier protégé. Des actes restés sans suite à l’époque des faits. Le quadragénaire répond aujourd’hui de viols et d’agressions sexuelles sur un garçon de douze ans à qui il faisait miroiter l’accès à sa console de jeu. Au-delà du fait-divers glauque, ce procès pose une question plus grave: le viol d’une personne handicapée est-il moins grave, aux yeux de la justice, que celui d’une persionne disposant de toutes ses capacités mentales ?

Selon le journal L’Alsace, l’accusé aurait déjà abusé d’autres collègues à partir des années 80 et trois d’entre eux sont venus témoigner devant la cour. L’un avait porté plainte en 1996. Sans suite. Une situation qui méritait d’être éclaircie. « Pourquoi, interroge M e Muriel Thielen, avocate d’un des deux ouvriers victimes, la direction du CAT mise au courant de dérapages de l’accusé dès 1998, a-t-elle attendu 2005 pour le licencier ? ». « Nous avons estimé que le travail pouvait lui être bénéfique », répond l’ancien dirigeant de l’établissement.

 

Carences dans la surveillance

Pour sa « défense », le responsable affirme avoir transmis au parquet, en 2001, une lettre dont on na pas trouvé trace, écrite par un ancien salarié et faisant état de viol de la part de l’accusé. Il dit aussi avoir demandé aux moniteurs d’atelier de surveiller l’homme. L’occasion pour l’avocate de l’autre jeune homme violé, Maître Véronique Dupré, de mettre en lumière les carences du système de surveillance… Le second volet du procès s’inscrit dans un contexte bien différent : de juillet à fin septembre 2007, alors qu’il était sous contrôle judiciaire pour les abus commis au CAT, l’accusé a abusé d’un neveu de sa compagne alors âgé de douze ans. Fellations, masturbation, pénétrations digitales, tentatives de sodomie : les faits se sont déroulés à au moins quatre à cinq reprises, au domicile de l’accusé, à Mulhouse. Ils ont pris fin quand la concubine du quadragénaire (le couple est aujourd’hui séparé) l’a surpris en train de masturber l’enfant et a alerté sa sœur, la mère du garçon. Celle-ci a aussitôt cherché son fils et l’a conduit aux urgences du Centre hospitalier de Mulhouse, où la police a été alertée. Interpellé dans la foulée, l’homme est en détention depuis.

 

Ignorer les antécédents 

« J’ai fait une faute très grave […] J’ai honte de moi », a reconnu l’accusé, qui, confronté à sa jeune victime, a dû être hospitalisé pendant plus de quatre heures aux urgences suite à un malaise, avant que l’audience puisse reprendre.  L’individu  a alors raconté comment il contraignait l’enfant à satisfaire ses pulsions en jouait notamment de sa passion pour les jeux vidéo, ne lui laissant l’usage de sa console Paystation qu’en échange de son consentement. La famille du collégien, dépeint par  l’expert-psychologue comme un jeune intelligent, communicatif et sociable, affirme avoir tout ignorer des antécédents de l’accusé et lui avoir toujours fait confiance. Enfin, la famille a confié hier soir son chagrin et le sentiment de culpabilité qui l’habite d’avoir laissé le garçon fréquenter l’accusé, cet individu que le commandant Bertrand Muesser, commandant de la brigade des mineurs mulhousienne au moment de l’enquête, définit comme un « prédateur » qui avait su se forger « une image sociale au-dessus de tout soupçon ».

 

En l’état actuel du procès et sans préjuger aucunement de son issue, une question évidente ne devrait-elle pas se faire jour dans l’esprit de l’observateur : le viol d’un enfant valide compterait t’il plus aux yeux des responsables et de la justice que celui de deux jeunes handicapés mentaux ? Y aurait t’il , en notre belle République, deux poids, deux mesures ? Ou ai-je vraiment mauvais esprit ?          (SM avec L’Alsace)

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