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Handicap intellectuel et troubles psychiques : Chronique de Pascal Parsat

Handicap intellectuel et troubles psychiques : Chronique de Pascal Parsat
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Handicap intellectuel et troubles psychiques : Chronique de Pascal Parsat

Les poètes sont de doux rêveurs, des irresponsables, des cigales qui n’ont aucune conscience de la réalité dit-on. Merci Monsieur de la Fontaine…
Et il n’est pas rare que ces artistes qui ont gravé leurs noms, leurs talents dans la mémoire collective, sombrent dans la folie, surfent sur elle, leur propre fragilité, donnant à voir, à penser, sentir leur intime élevé au rang d’art.
C’est un choix, une nécessité, un impérieux besoin d’écrire, de composer, de jouer, de danser, de chanter. Au-delà de la raison, parfois du raisonnable.
En cela, la réalité de l’artiste est similaire à la réalité de la personne troublée psychologiquement, psychiquement, mentalement.
L’une et l’autre se sentent souvent incompris, malmenés, repoussés, voire craints.
Cela explique peut-être pourquoi une telle sensibilité aux événements, quand l’émotion l’emporte sur le rationnel, le concret, le réel dans un monde si encadré, si normé, si étouffant pour celui qui ne s’y retrouve pas, ne s’y reconnait pas.
Il est de ces artistes dont la réceptivité aux situations, leur fait perdre pied, les anéantie.
Car dans un environnement professionnel où chacun joue sa vie à chaque instant, doit sans cesse montrer, prouver ce qu’il sait faire, qui dépend tellement du regard, du désir de l’autre, ce dont il ne sait pas toujours où, pourquoi, quand? Il y a chez certains des failles et des blessures qui ne se cicatrisent pas, ou si lentement.
Un fait. Le nombre de créateurs, d’interprètes qui sont et sensibles et handicapés psychique est en constante augmentation.
Non, parce que ce handicap se répand mais bien parce que les premiers concernés osent en parler, et affirmer leur identité artistiques avant tout. Qui ne sait pas pour Van Gogh ?
Qui sait pour Catherine Zeta Jones, Kenu Reeves, Glen Gould, Edgar Pô, Virginia Woolf, Ernest Hemingway, Robin Williams, Mel Gibson, Stefen Fry, Sinea OConnor, Amy Winehouse ? Des artistes qui ne se cachent plus.
Force est de constater que ce sont des noms anglo-saxons, confirmant qu’en France le tabou demeure.
L’espoir demeure. l’Entreprise adaptée L’oiseau mouche, mais aussi le théâtre du Cristal, la Bulle bleue… Autant de structures qui créent avec des publics identifiés pour un handicap psy ou mental.
Madeleine Louarn, signe à l’occasion du festival d’Avignon 2018, une nouvelle création LE GRAND THÉÂTRE D’OKLAHAMA avec son collectif Catalyse.
Elle choisit des textes qui posent toujours la question du jeu de l’acteur, de sa vérité et de sa présence.
Quelle meilleure démonstration du possible que cette démarche qui s’impose dans le spectacle vivant !
Un juste pendant au silence dans le milieu ordinaire.
Notons néanmoins, « Mention particulière » diffusée sur TF1, réalisé par Christophe Campos avec Marie Dal Zotto atteinte de Trisomie 21, produit par Caminando Productions, distinguée à l’occasion des Lauriers de la Radio et de la Télévision en 2017. http://www.clubavparis.com/lauriers/palmares-2017/
Dans la musique, l’écriture, Hugo Horiot militant pour la dignité des personnes autistes.
Publié ses livres sont de gros succès en librairie. Son ouvrage « j’entrerai dans ton silence » vient d’être porté à la scène au Festival d’Avignon 2018, mise en scène Serge Barbucia.
Personne ne pourrait dire ce qu’il en est quand on échange, travaille avec lui. Le fruit de son travail artistique l’emporte sur tout le reste.
Interpellé par le Syndicat National des Metteurs en Scène (SNMS), j’avais dit ceci : Il y a les personnes handicapées et celles qui sont handicapantes. Nous en connaissons tous. Celui qui n’arrive jamais à l’heure, n’apprend ou ne retient pas son texte, a des rites et des rituels avant de jouer, etc.
Au-delà de leurs personnalités, ces professionnels sont engagés parce que leur travail sur scène, à l’écran, est inégalable aux yeux de celle ou celui qui les recrute.
C’est cela sans doute qu’il convient de garder en tête. Peu importe le chemin, l’essentiel est le résultat. C’est là une des vertus du monde de la culture, de s’être construit et d’avoir produit des objets artistiques, singuliers, inattendus, inoubliables.
« Audiens et la Mission handicap de la production audiovisuelle ».(MHPA), travaillent sans relâche pour accompagner les artistes à se reconnaître, à se situer dans leur carrière, à avancer avec leur spécificité. A se poser, mieux !, se reposer pour avancer.
Tout autant la MHPA, travaille pour que les producteurs, employeurs ici, d’oeuvres artistiques ne renoncent pas devant cet être étrange et séduisant néanmoins, voire osent le pari de faire fi de leurs freins, des esprits chagrins et alarmistes tentés de décourager de telles entreprises.
Le monde de la culture, si sensible aux événements de la vie de ces contemporains a rendez-vous avec un nouveau challenge : celui de porter haut et vigoureusement sa capacité à défendre l’exclu, à lui donner sa parole, son endroit pour que les contemporains puissent eux aussi confrontés au résultat s’incliner devant le talent sans réserve.
Un pari fou? Mais ne dit-on pas qu’il faut être fou pour vouloir vivre de l’art ?

Pascal Parsat

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