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Taxe handicapé et fiscalité : Gros plan sur les avantages

Fiscalité et handicap quels avantages
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Quels avantages fiscaux pour les personnes en situation de Handicap ? Fiscalité et handicap font-ils bon ménage ?

Fiscalité et handicap sont tout à fait compatibles mais peuvent entraîner des situations complexes, d’où l’importance de bien se renseigner avant de prendre des décisions impliquant patrimoine et handicap.

Par Camille de Soras.

Un certain nombre d’avantages fiscaux est accordé pour les personnes en situation de handicap et leurs parents. Nous vous proposons un résumé des principales spécificités qui les concernent relatives à l’impôt sur le revenu, aux impôts locaux, et aux droits de mutation.

  • Impôt sur le revenu

L’impôt sur le revenu est calculé en fonction des revenus perçus par les membres du foyer fiscal l’année précédente, du nombre de parts fiscales et d’éventuels réductions ou crédits d’impôts.

Le nombre de parts, qui diminue le montant de l’impôt, peut être augmenté. Une demi-part ou une part supplémentaire est accordée pour :

  • Les bénéficiaires d’une carte d’invalidité pour une incapacité d’au moins 80 %, ou d’une pension militaire ou d’accident du travail pour une invalidité d’au moins 40 %. Cette demi-part est attribuée à chaque conjoint ou partenaire remplissant une des conditions. Si les deux membres du couple sont concernés, chacun a donc droit à une demi-part.
  • Les titulaires de la carte d’ancien combattant ou d’une pension militaire d’invalidité ou de victime de guerre, âgés de plus de 74 ans au 31 décembre 2015 ou conjoint (une demi-part).
  • Un enfant handicapé à charge (quel que soit son âge s’il ne peut subvenir seul à ses besoins) titulaire de la carte d’invalidité d’au moins 80% (une demi-part, ou une part supplémentaire à partir de la troisième personne à charge).

Un enfant handicapé majeur marié ou chargé de famille peut demander le rattachement au foyer de ses parents. Dans ce cas, l’opération ne se traduit pas par une augmentation du nombre de parts, mais par un avantage spécifique sous forme d’un abattement de 5 732€ sur le revenu imposable.

Il est enfin possible de déduire une pension alimentaire de 5 732€ ou 11 464€ (enfant chargé de famille ou non) lorsque celui-ci est imposé séparément.

Les revenus exonérés et abattements sur revenus imposables

Un grand nombre d’allocations ou prestations sont exonérées d’impôt sur le revenu (voir l’encadré dédié).

En matière de fiscalité et handicap, lorsque la personne en situation de handicap perçoit des revenus imposables, ceux-ci peuvent bénéficier d’un abattement particulier, qui s’ajoute aux abattements standards. Cet abattement s’adresse aux personnes titulaires d’une pension pour invalidité ou pour accident du travail d’au moins 40%, ou de la carte d’invalidité. Le montant varie en fonction du revenu imposable. Il est de 2 348 € si le revenu net global du foyer fiscal n’excède pas 14 730 €, et 1 174 € si ce revenu est compris entre 14 731 € et 23 730€. Cet abattement est doublé si le conjoint ou le partenaire de Pacs remplit également ces conditions.

Les personnes en situation de handicap peuvent par ailleurs bénéficier de réductions ou crédits d’impôts spécifiques :

Réduction d’impôt au titre des primes versées sur des contrats de rente-survie ou épargne  Handicap.

Un contrat d’Epargne handicap est un contrat d’assurance vie qui garantit le versement d’un capital ou d’une rente viagère à l’assuré atteint, lors de la conclusion du contrat, d’une infirmité qui l’empêche de se livrer dans des conditions normales de rentabilité à une activité professionnelle. Cette option Épargne Handicap lui octroie des avantages, vis-à-vis des aides sociales et de la fiscalité (vous trouverez plus d’informations sur ce contrat dans l’article dédié à ce sujet).

Le contrat Rente-survie est un contrat souscrit par un parent ou un proche, qui prévoit le versement à son décès une rente viagère au profit de l’enfant ou adulte handicapé. La rente du bénéficiaire est également cumulable avec un grand nombre d’aides sociales.

Les primes d’assurance versées sur ces contrats ouvrent droit à une réduction d’impôt sur le revenu. La réduction est égale à 25 % du montant des primes versées dans l’année, dans la limite de 1 525 € (soit une réduction maximale de 381,25 €). Elle est majorée de 300 € par enfant à charge (150 € par enfant en cas de résidence alternée). En cas de souscription d’un contrat d’épargne handicap et d’un contrat de rente survie, cette limite s’applique à l’ensemble des contrats conclus.

Réduction ou crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile

Les sommes versées au titre des services à la personne qui sont rendus au domicile ouvrent droit à une réduction ou à un crédit d’impôt au taux de 50% dans la limite de 12 000 € majoré de 1 500 € par enfant à charge, par membre du foyer fiscal âgé de plus de 65 ans ou par ascendant âgé de plus de 65 ans susceptible de bénéficier de l’APA. Ce plafond ne peut dépasser 15 000 €. Le plafond de déduction est de 20 000 € si un membre du foyer fiscal est titulaire de la carte d’invalidité d’au moins 80% ou d’une pension d’invalidité de 3ème catégorie ou s’il perçoit un complément d’allocation d’éducation spéciale pour l’un des enfants à charge.

La rémunération d’une aide à domicile peut en outre être exonérée des cotisations patronales de Sécurité sociale maladie, vieillesse et d’allocations familiales, lorsque les employeurs sont :

  • Les personnes âgées d’au moins 60 ans, titulaires de la carte d’invalidité à 80 % ou dans l’obligation de recourir à l’assistance d’une tierce personne pour accomplir les actes ordinaires de la vie ;
  • Les personnes ayant à leur charge un enfant ouvrant droit au complément de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé et/ou à la prestation de compensation du handicap;
  • Les personnes bénéficiaires de la prestation de compensation du handicap, d’une majoration pour tierce personne ou d’une prestation complémentaire pour tierce personne ;
  • Les bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie.
  • Les personnes âgées de 70 ans et plus ou leur conjoint âgé de 70 ans et plus. 

Les dépenses d’accueil dans un établissement pour personnes âgées dépendantes

Si un contribuable (ou une personne de son foyer) réside dans un établissement hébergeant des personnes dépendantes (maison de retraite, logement-foyer, maison d’accueil…), elle peut alors bénéficier d’une réduction d’impôt de 25 % des dépenses, retenues dans la limite de 10 000€ par personne hébergée. La réduction s’applique au titre des frais de dépendance et d’hébergement (logement et nourriture) effectivement supportés dans l’année après déduction éventuelle des allocations et aides qui ont été versées.

Fiscalité et handicap : Crédit d’impôt pour les dépenses d’aménagement

 Un crédit d’impôt est  accordé pour les dépenses d’installation et de remplacement des équipements spécialement conçus pour les personnes âgées et personnes handicapées. Il s’applique pour un propriétaire ou locataire, que le logement soit neuf ou ancien. Les équipements permettant de bénéficier du crédit d’impôt sont limités aux équipements sanitaires et aux équipements de sécurité et d’accessibilité. Pour bénéficier du crédit d’impôt, ces équipements doivent être installés par un professionnel.

Le crédit est égal à 25 % des dépenses effectuées (prix des équipements et la main d’œuvre TTC), dans la limite de 5 000 € pour une personne célibataire, veuve ou divorcée et 10 000 € pour un couple marié ou pacsé. Ce plafond est majoré de 400 € par personne à charge. Ce plafond s’applique sur une période de cinq années consécutives comprises entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2015.

Les frais de tutelle

Les frais occasionnés par la gestion des revenus du patrimoine des majeurs placés sous tutelle ou sous curatelle qui constituent des dépenses engagées en vue d’acquérir ces revenus sont déductibles de l’impôt sur le revenu. Il s’agit donc des honoraires rémunérant directement le mandataire judiciaire et les frais engagés par ce dernier et refacturés au majeur protégé. Ces frais sont imputés proportionnellement aux divers types de revenus de la personne protégée.

Fiscalité et handicap : Exemples de revenus exonérés d’impôt sur le revenu

  • Les allocations familiales.
  • Les allocations logement.
  • L’Allocation aux adultes handicapés (AAH) et ses compléments.
  • La majoration pour la vie autonome.
  • L’allocation supplémentaire d’invalidité (ASI).
  • L’allocation personnalisée à l’autonomie (APA).
  • L’ASPA (allocation de solidarité aux personnes âgées).
  • L’allocation d’éducation spéciale de l’enfant handicapé et ses compléments (AEEH).
  • La prestation de compensation du handicap (PCH).
  • L’allocation compensatrice, pour tierce personne, pour frais professionnels versée par l’aide sociale.
  • La prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE).
  • L’allocation journalière de présence parentale (AJPP).
  • L’allocation parentale d’éducation.
  • L’allocation de parent isolé.
  • Les pensions militaires d’invalidité et des victimes civiles de guerre.
  • Pension d’invalidité versée par la Sécurité sociale dont le montant ne dépasse pas le montant de l’allocation aux vieux travailleurs salariés (AVTS) et si les ressources du bénéficiaire ne dépassent pas le plafond de revenu fixé pour l’attribution de cette allocation.
  • Pension militaire d’invalidité et des victimes de la guerre et allocations complémentaires à ces pensions (allocation temporaire aux grands invalides, etc.)
  • Majoration pour assistance d’une tierce personne.
  • Rente viagère d’accident de travail ou de maladies professionnelles.
  • Indemnité temporaire versée aux victimes d’accident de travail ou de maladies professionnelles, à hauteur de 50%.
  • Les rentes viagères perçues au titre de dommages et intérêts en vertu d’une condamnation prononcée judiciairement ou en exécution d’une transaction entre la victime et la compagnie d’assurance, pour la réparation d’un préjudice corporel ayant entraîné pour la victime une incapacité permanente totale l’obligeant à avoir recours à l’assistance d’une tierce personne pour accomplir les actes ordinaires de la vie courante.

Les impôts locaux

Les personnes en situation de handicap peuvent être exonérées de la taxe d’habitation, de la redevance audiovisuelle et de la taxe foncière de la résidence principale sous certaines conditions.

Par exemple, les titulaires de l’ASPA (Allocation de solidarité aux personnes âgées) ou l’ASI (Allocation Supplémentaire d’Invalidité), les bénéficiaires de l’AAH (Allocation Adulte handicapé), les personnes infirmes ou invalides ne pouvant subvenir à vos besoins par votre travail, et dont le montant de revenu fiscal de référence de l’année précédente ne dépasse pas certaines limites peuvent être exonérées de la taxe d’habitation et de la redevance audiovisuelle. Celles-ci doivent occuper leur habitation principale soit seules ou avec leur conjoint, avec des personnes comptées à charge à l’impôt sur le revenu,  avec des personnes titulaires de l’allocation supplémentaire ou avec des personnes dont le montant du revenu fiscal de référence de l’année précédente ne dépasse pas les limites.

En matière de taxe d’habitation, une personne peut bénéficier d’un abattement si elle accueille sous votre toit un ascendant infirme dont le revenu fiscal de référence ne dépasse pas un certain montant.

Un abattement supplémentaire peut être appliqué sur délibération des collectivités locales pour les personnes titulaires de l’ASI, de l’AAH, de la carte d’invalidité, atteintes d’une infirmité ou d’une invalidité, ou les personnes qui occupent leur habitation principale avec des personnes mineures ou majeures qui remplissent ces conditions .

La taxe foncière de l’habitation principale peut enfin être exonérée pour les personnes bénéficiaires de l’ASI ou de l’AAH, dont le revenu fiscal de référence de l’année précédente ne dépasse pas certaines limites et qui occupent leur habitation principale, en respectant les mêmes conditions que pour l’exonération de la taxe d’habitation (voir ci-dessus – fiscalité et handicap).

Plus de détails sur les conditions de bénéfice sont indiqués sur le site impot.gouv.fr.

· Les droits de mutation en matière de fiscalité et handicap

Dans le cadre des successions et des donations, les personnes handicapées bénéficient d’abattements spécifiques pour l’évaluation de certains biens et lors du calcul des droits à payer.
Ces abattements sont accordés aux personnes se trouvant dans l’incapacité de travailler dans des conditions normales de rentabilité en raison d’un handicap physique ou mental.

  • Un abattement spécifique de 159 325€ est applicable sur la part de tout héritier, légataire ou donataire, incapable de travailler dans des conditions normales, en raison d’une infirmité physique ou mentale au jour de la donation ou de l’ouverture de la succession. Si elle est âgée de moins de dix-huit ans, cette personne ne doit pas pouvoir acquérir une instruction ou une formation professionnelle d’un niveau normal pour bénéficier de l’abattement spécifique.

L’abattement handicapé peut se cumuler avec les abattements de droits communs (par exemple avec l’abattement pour les héritiers en ligne directe de 100.000 euros ou celui des frères et sœurs du défunt de 15 932 euros).

  • Dans une succession, un abattement de 20 % est appliqué pour l’évaluation de la résidence principale du défunt lorsque ce logement constitue également la résidence principale d’un enfant handicapé mineur ou majeur du défunt ou de son conjoint.

Camille de Soras, ABC Vie – Jiminy Conseil – Cabinet de courtage en assurance vie et conseil en gestion de patrimoine spécialisée dans le conseil pour les personnes en situation de handicap.

Pour en savoir plus, découvrez également l’article Impôts et handicap de Camille de Soras. Faites le point également sur les aides existantes.

Pour contacter Camille de Soras, rendez-vous ici : https://jiminyconseil.com/

Article mis à jour le 22 août 2022.

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Commentaires

2 réponses

  1. Bonjour,
    La maladie d’Alzeimer est-elle considérée comme une maladie invalidante? Merci de me répondre.

  2. Bonjour,

    Le crédit d’impôt dépenses d’aménagement serait apparemment la seule aide à laquelle nous pourrions prétendre, car handicap survenu tardivement, après 60 ans, donc, si j’ai bien compris, PCH exclue.
    Sauf que ce crédit d’impôt semble prendre fin au 31/12/2023.
    Donc délai très court pour poser le diagnostic des besoins, faire réaliser les travaux, et obtenir parallèlement une CMI.
    La maladie invalidante de mon épouse vient à peine d’être détectée et, pour le moment, les médecins qui l’entourent – elle est encore hospitalisée – observent l’évolution de son état, tout en se montrant néanmoins très pessimistes sur ses capacités de récupération.
    Bref, le dossier MDPH n’est pas prêt d’être monté, d’autant plus que les médecins rechignent souvent à effectuer ce type de tâche, chronophage et sans doute trop administrative à leur goût.
    Nous avons déjà eu un mal fou à leur faire remplir une demande d’ALD. Non pas qu’ils la jugeaient illégitime – ils remplissaient déjà des ordonnances bi-zones – mais, tout simplement parce qu’ils renâclent à effectuer ce type de tâches .
    Donc, entre l’inertie des médecins et les délais d’instruction des dossiers MDPH, j’ai très peur que nous ne puissions pas bénéficier de ce crédit d’impôt, alors qu’il faudra pourtant faire réaliser des travaux d’aménagement du domicile.
    Et, d’une manière générale, à moins qu’il ne soit réadapté chaque année, je ne comprends pas qu’un tel dispositif ne soit pas pérenne, ou, tout du moins assorti de plus de visibilité afin de permettre aux personnes concernées d’engager plus sereinement de tels travaux.