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FAGERH et 30 ans de la loi de 1987 : Emploi et handicap

Isabelle Mérian Fagerh Loi de 1987
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Fagerh : La réadaptation professionnelle, le parent pauvre de la loi !

Le secteur de la réadaptation professionnelle qui s’est fédéré autour de la Fagerh n’a pas vraiment profité de la loi de 1987, un peu plus de celle de 2005. C’est portant un secteur qui remet dans l’emploi plus de 8000 personnes par an. Isabelle Merian, Directrice de la Fagerh nous explique tout cela.

– Pouvez-vous nous présenter la Fagerh ?
La FAGERH est une fédération née d’initiatives associatives et militantes en 1944. Aujourd’hui elle rassemble à peu près l’ensemble du secteur de réadaptation professionnelle, ce qui représente à peu près 150 établissements et services et 60 organismes gestionnaires différents. Je précise que la FAGERH n’est pas un organisme de gestions des CRP. Les membres de notre réseau sont sur des activités d’évaluation, d’orientation, formation et plus récemment emploi accompagné. Nous couvrons tout le processus de retour à l’emploi en milieu ordinaire pour les personnes devenues handicapées au cours de leur vie. De fait, la moyenne d’âge de notre public est de 40 ans, il se compose principalement de travailleurs qui ont toujours vécu en milieu ordinaire, qui se voient comme d’anciens salariés et non pas comme handicapés ! Cela génère quelques lourdeurs dans la gestion de leur réinsertion. Nous accueillons en moyenne 13 000 personnes par an et nous proposons 200 formations dans 14 secteurs d’activités différents. Nous connaissons 62% de taux d’insertion dans l’année qui suit la formation.

– La loi de 1987 a aujourd’hui 30 ans. Quelle a été son rôle dans l’accès à la formation des personnes handicapées ?
De mon point de vue, le rôle de la loi de 87 sur le domaine de la formation a été très largement insuffisant même si ce n’était pas volontaire. La loi s’est focalisée sur l’obligation d’embauche mais n’a pas creusé ni inscrit dans les textes les critères d’accès à l’emploi. C’est très dommageable dans le contexte de chômage de masse que nous connaissons. Il n’y a pas non plus, pour les organismes de formation, l’obligation d’accueillir leur 6% de travailleurs handicapés. Certaines régions comme Auvergne Rhône-Alpes et Nouvelle Aquitaine mettent en place des Labels pour la formation mais cela reste rare. Au niveau national, il n’y a jamais eu de politique affichée et assumée d’accès à la formation des personnes en situation de handicap alors que les entreprises réclament sans cesse des gens formés et que l’on continue à dire dans tous les rapports qu’il y a un problème de formation. Et ça n’émeut personne ! Le problème, c’est qu’il n’existe pas un droit universel à la formation des adultes, chaque candidat doit répondre une multitude de critères pour en bénéficier et le plus souvent pour une formation très courte sans débouché.

  • Quel bilan faîtes-vous de 30 années d’une loi qui a instauré l’obligation d’avoir 6% de personnes handicapées dans les entreprises de 20 salariés et plus ?
    Elle fut un vrai levier pour discuter avec les entreprises, mais surtout les grandes entreprises qui ont la capacité de développer une politique handicap. Malgré tout, le taux de chômage reste très élevé. Cela s’explique par le fait que ce sont surtout les petites entreprises qui recrutent et qui la plupart du temps ne sont pas soumises à l’obligation d’embauche. 50 % de nos stagiaires sont recrutés par des entreprises de moins de 20 salariés. Il y a donc un paradoxe voire une incohérence. J’ajoute que les profils recherchés par les grandes entreprises ne sont pas en lien avec le niveau des demandeurs  d’emploi handicapés. Elles déroulent des processus de recrutement infranchissables. Il faut créer des processus parallèles pour les personnes handicapées sans quoi elles ne seront jamais recrutées.
  • La FAGERH existe depuis de très nombreuses années. Quels impacts la loi de 87 a-t-elle eu sur son fonctionnement et son développement, puis par la suite sa réforme en 2005 ?

Depuis le début nous sommes sur le processus d’accès à l’emploi et principalement avec les PME. Nous avons été très actifs pour la loi de 2005 car nous souhaitions que dans cette loi il y ait des choses sur la formation et nos propositions ont été retenues. Il y en avait trois, le principe étant que ce soit la formation qui s’adapte à la personne et pas l’inverse, pour qu’elles soient plus accessible, et bien sûr adaptée à la pathologie de la personne. Autre mesure, la possibilité de suspendre son contrat de travail pour avoir une période de reclassement professionnel et d’autres pépites sur la formation qui font partie de loi de 2005 mais très peu utilisées. La loi de 2005 nous a permis de renforcer les relations avec les entreprises qui font plus pour le maintien dans l’emploi et donc la formation.

  • Quelle est la situation l’accès à la formation des personnes handicapées aujourd’hui ?
    J’aurais tendance à dire, je n’en sais rien ! Il n’y a en effet aucun chiffre, aucune statistique dans ce domaine. Cela fait 20 ans que je me bats pour un secteur dont on ne sait rien. L’Agefiph a des chiffres sur les dépenses mais rien sur les candidats, les niveaux de formation, la qualification… Et de plus, uniquement sur ce qu’elle finance. Côté Afpa, ce n’est pas mieux ! Le peu que l’on connait n’est de toute façon pas bon.

Selon vous, de quelle manière faudrait-il faire évoluer cette loi ?
Faut-il faire évoluer la loi ? Doit-on fixer une obligation de 6% pour les organismes de formation, c’est une suggestion. Je pense qu’il faut réfléchir en logique de parcours des usagers. Nous souhaitons que le CRP (Centre de réadaptation professionnelle) entre dans le CREFOP  (Comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle) nous pourrions en effet partager le diagnostic et nous accorder sur comment faire évoluer l’offre.

Photo : Isabelle Merian, Directrice de la FAGERH.

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