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« Être particulier-employeur, c’est un vrai métier »

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Emmanuel Loustalot, spécialiste de la question de l’emploi direct d’assistants de vie par des personnes handicapées, nous explique les spécificités du statut de particulier-employeur.

 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis directeur de la délégation APF de l’Hérault et du SAAHED, organisme qui a pour mission de sécuriser l’aide humaine des personnes qui ont recours à l’emploi direct. Je fais également une thèse en sociologie, au CNAM de Paris, sur le thème de l’organisation des aides humaines en emploi direct des personnes qui ont un besoin d’aide humaine permanent. Je vais pour cela à la rencontre de personnes handicapées.

 

En quoi consiste le statut de particulier employeur ?

C’est un mode d’organisation utilisé pour répondre à un besoin d’aide humaine. Une personne dispose de deux possibilités pour organiser ses aides humaines :

– L’utilisation de services prestataires : le bénéficiaire fait appel à un ou plusieurs organismes proposant de l’aide à domicile.

– L’emploi direct : La personne (le particulier-employeur) embauche et gère lui-même ses auxiliaires de vie. Il peut aussi  être aidé par un service mandataire. La relation de travail est gérée par une convention collective et cette aide peut être financée grâce à la Prestation de Compensation du Handicap (PCH).

 

Quels sont les avantages du statut de particulier employeur ?

Ce qui ressort systématiquement lorsque j’interviewe des personnes handicapées pour mes recherches, c’est la notion de liberté et d’autonomie. Le statut de particulier employeur permet au bénéficiaire de choisir directement et lui-même les personnes qui vont l’accompagner au quotidien. Il devient le maître complet de l’organisation de sa vie, gère son équipe, ses horaires, et ne laisse pas un tiers prendre les décisions à sa place : c’est vraiment un élément très important pour majorité des personnes handicapées qui ont choisi ce mode de fonctionnement, si important qu’il compense pour elles les contraintes que cela induit.

 

Et quels en sont les inconvénients ?

– Être employeur, c’est un vrai un métier qui mobilise de nombreuses connaissances, notamment en matière juridique et de management. Ce n’est pas simple et cela peut aussi être anxiogène : peur des Prud’hommes, peur de se retrouver seul si un auxiliaire de vie est absent. C’est pourquoi il est important de bien s’informer, voire de se former, lorsqu’on se lance.

– La convention collective qui régit les contrats de travail des particuliers employeurs n’est pas toujours adaptée. C’est la même que celle qui s’applique aux contrats de travail des aides ménagères, des baby-sitters… mais elle s’applique alors à des personnes qui ont besoin d’aide humaine sur de très larges amplitudes horaires, parfois 24 heures sur 24. Certains points mériteraient donc d’être revus, car certaines des dispositions actuelles peuvent contraindre les particuliers employeurs à être dans l’illégalité.

– La PCH est rarement suffisante pour des personnes qui ont besoin de vingt-quatre heures d’aide humaine par jour. Ceci dit, la PCH est tout de même une révolution, et son système d’attribution est encore tout récent. Peut-être sera-t-on plus à même de l’ajuster au fur et à mesure que l’on verra les problématiques apparaître. C’est extrêmement complexe et tout ne pouvait pas d’emblée être parfait.

Malgré ces inconvénients, la majorité des personnes concernées que j’ai interviewées m’ont réaffirmé que le statut de particulier employeur restait pour elles, incontestablement, la meilleure solution. C’était une revendication historique avant la loi de 2005, alors maintenant que c’est possible, les gens tiennent à en bénéficier.

 

Quelles sont vos recommandations pour ceux qui souhaitent se lancer dans un tel dispositif ?

– Avant de se lancer, il faut bien connaître l’ensemble des possibilités, mesurer les avantages et inconvénients de chaque mode d’organisation, et bien se renseigner sur les responsabilités qu’implique le statut de particulier employeur.

– À partir de là, le choix est assez simple à faire. Rien n’est définitif et il est possible de mélanger plusieurs modes de fonctionnement. Tout dépend du rythme de vie de chaque personne. Aussi, par exemple, avoir le même aidant pendant  24 heures n’est pas possible avec un mode prestataire. En emploi direct, c’est autorisé par la convention collective, car elle fixe un volume horaire par semaine et non par jour.

– Ensuite il faut veiller à bien s’organiser, à se faire aider et à se former si nécessaire et à bien soigner ses plannings. Le fait pour un particulier employeur d’être bien organisé bénéficie également à ses salariés, qui auront d’autant plus envie de rester.

En résumé, être particulier-employeur, c’est un vrai métier, qui exige organisation et investissement et sérieux.

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