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Chronique: Imposture ou réalité ?

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Par Antoine M. Le handicap stimule le délire littéraire. Auteur du blog writtingandliving.com

 

Mon attitude littéraire n’est pas digne de défendre les intérêts des personnes handicapées. Oui je marche, oui je conduis, oui je fais la fête, oui je séduis. Mais cette écriture que je revendique comme sulfureuse voire prétentieuse ne veut pas dire que je ne cache pas au fond de moi-même un certain mal-être.

 

Vingt-sept ans en arrière dans une clinique montpelliéraine. Ma mère vient de rentrer en maternité suite à ses premières contractions. C’est son premier enfant, un garçon. Mon père est à ses cotés, sourire aux lèvres. Ce jour-là, la gynécologue de ma mère s’était octroyé une semaine de repos à Courchevel. Mais rien ne laissait présager ce qui se définirait comme un chaos total dans cette chambre 17 le 20 février 1988. Je continue ? Il est 18h16. Ma mère a de plus en plus mal. Elle sent qu’un évènement terrible est sur le point de se produire. Elle supplie l’obstétricien remplaçant de mettre fin à cette souffrance insoutenable. Mais le corps médical continue sur sa lancée de confiance humaniste naturelle. Après des heures d’angoisse et les phalanges ensanglantées de mon père à force de se défouler sur les murs de la clinique, l’obstétricien décide enfin de m’extirper d’un enfer natal. Je ne respire pas et ma mère s’évanouit de douleur. Mon état est critique. Les pompiers me transfèrent vers l’hôpital le plus proche afin que j’aie une chance de vivre. Mon père est dans l’ambulance auprès de son fils qui a récupéré un pouls, mais très faible. Finalement j’ai survécu mais des séquelles sont fortement envisageables et irréversibles. Ma mère n’a pu me prendre dans ses bras qu’une semaine après l’accouchement.

Aujourd’hui, je me donne donc le droit d’écrire des péripéties à la manière d’un survivant. Mon allure dérangeante et mon addiction à une vie de débauche alcoolique et sexuelle font-ils de moi un homme mauvais ? Ce personnage que j’ai crée au fil des années m’aide à une recherche partielle du bonheur. Je ne suis pas comme tout le monde et j’en suis fier. Alors, avant de juger mon comportement certes abusif mais revanchard, des questions s’imposent. Pourquoi étale t-il sa vie dans des textes sulfureux ? Est-ce vraiment lui ou un personnage ? Est-il vraiment heureux ?

C’est mon destin. Je travaille pour manger. J’écris pour me défouler. Je bois pour oublier. Je fais des films pour m’exprimer. Je séduis pour baiser. Je baise pour jouir. Or, mon statut d’handicapé indépendant m’interdit d’accomplir des actes qui m’annoncent déjà comme le prochain romancier déchu.

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