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LES TRIBULATIONS DE DORINE – Après quelques années passées en province, je dois revenir m’installer en région parisienne pour mener à bien un projet professionnel dédié à l’emploi des personnes handicapées dans le secteur de l’audiovisuel. Je suis consciente des nombreuses difficultés qui m’attendent. Trouver un logement, un emploi, un cadre de vie adapté à une personne en fauteuil roulant est un vrai parcours du combattant. Comment ne pas se décourager ? Je trouve refuge… dans un rêve.

 

Avril 2010. au bout De Deux années de recherches, je trouve enfin l’appartement de mes rêves. De mes rêves de bipède. En fauteuil roulant avec un enfant, ça promet d’être beaucoup plus compliqué. Mais la vue sur le parc, le quartier calme et résidentiel, l’intérieur zen et épuré, bien que peu fonctionnel, me font craquer. Vais-je le regretter ? Bien sûr, il y a les trois marches infranchissables à l’entrée de la résidence. Bien sûr, il y a l’ascenseur minuscule dans lequel on entre avec un chausse-pied. Bien sûr, je sais que je ne pourrai entrer et sortir de mon immeuble qu’en utilisant la voiture (je prie qu’elle ne tombe jamais en panne !) par la rampe du garage… Mais une autre difficulté plus grande m’attend. Je n’ai pas encore posé mes valises que je suis refroidie par l’accueil glacial du représentant de la copropriété dès mon arrivée dans le hall du rez-de-chaussée. 

 

–  « Ah Bonjour, on m’a prévenu de votre arrivée. Vous tenez vraiment à vous installer dans notre résidence ? Vous voyez bien que ce n’est pas fait pour vous ici. On ne fera pas de travaux. C’est impossible, et puis ça coûterait trop cher. Les coproprié-taires ont d’autres priorités. Cherchez ailleurs ».

 

Choquée, je bafouille que je ne compte rien demander, que je compte me dé-brouiller seule. Je lui explique qu’en ar-rivant en voiture par le sous-sol, je peux ensuite rejoindre mon appartement par l’ascenseur. J’en fais immédiatement la démonstration en manœuvrant un peu pour ne pas rayer les parois. 

 

–  « Vous comprenez, il a été refait il y a un an ! Si vous l’abimez, il faudra payer. Je connais bien le problème, ma sœur est en fauteuil roulant elle aussi et pour elle, dans l’ascenseur, ça ne passe pas ».

 

J’en déduis qu’on n’a probablement pas le même gabarit. Je ne ferais qu’une demande, laissée lettre morte. Celle de construire un plan incliné afin de remédier à la marche pour passer du hall d’entrée au jardin, de pouvoir sortir dehors prendre un peu l’air, profiter un peu de l’espace vert… « interdit aux enfants ». En emménageant dans ce quartier propre et chic, j’avais espéré recevoir l’accueil que tout nouvel arrivant est en droit de recevoir. Un bonjour, un sourire, un geste de bienvenue. Puis étudier calmement la question du petit plan incliné avec les responsables de la copropriété en mettant cette question à l’ordre du jour d’une prochaine assemblée générale.En France, 10 % des appartements sont accessibles aux personnes en fauteuil roulant et à Paris, moins de 5 %. Une agence immobilière s’est spécialisée dans la recherche d’appartements ou de maisons adaptés sur Paris et sa région*. Une équipe de professionnels à l’écoute des besoins et des envies de ses clients, prenant en compte aussi bien les aspects techniques, les aspects humains, rela-tionnels et environnementaux. Cet exemple montre à quel point il faut se battre encore pour le respect et l’intégration des personnes « autrement capables ».

Lorsque je suis arrivée à cette adresse propriété d’une amie, elle avait déposé un message dans les boites aux lettres destiné aux copropriétaires : « ce qui arrive à Dorine aujourd’hui peut vous concerner demain : un accident, un problème de santé, une mauvaise fracture, des difficu-tés pour marcher liées au poids des années, sans doute même la remercieriez vous un jour pour cette prise de conscience et cette ouverture d’esprit. ».

Un an plus tard, la personne qui m’avait cassé le moral le jour de mon arrivée faisait un avc. J’ai gardé le sourire. Mais mon rêve d’hier se transforme en cauchemar aujourd’hui. Au fil des semaines, je me suis fatiguée. Car au-delà de mon ap-partement, ce sont aussi les commerces, les transports, l’école, un quartier tout entier qui n’est pas accessible. J’envisage donc à nouveau…de déménager.

 

* lecoequipierimmobilier.com 48,  avenue de la république 78500 Sartrouville. 01 39 14 50 47

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Commentaires

Une réponse

  1. Bonjour madame. Un jour on dira qu’en France en 2018 les immeubles, les transports, les commerces etc n’étaient pas encore accessible aux personne à mobilité réduite! Pourtant le premier fauteuil roulant à ma connaissance date du château de Versailles au temps des rois. Je vous souhaite beaucoup de bonheur et tout l’amour qu’une belle personne comme vous mérite.