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Canopée œuvre pour un cinéma accessible à tous

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Eric Taquet, ingénieur en automatisme, est fondateur de l’association Canopée.
 
Pouvez-vous nous présenter Canopée ?
Etant déficient visuel, j’ai décidé de créer Canopée en 2012 pour m’affranchir de tous les bâtons dans les roues que l’on peut rencontrer lorsque l’on essaye de se rendre au cinéma en ayant un handicap.
L’association compte aujourd’hui neuf adhérents. Son objectif  est de promouvoir et banaliser l’accessibilité sensorielle en faisant connaître les différents dispositifs qui permettent aux personnes déficientes visuelles ou auditives de suivre des séances de cinéma, voire même des spectacles de type opéra, théâtre ou cirque.
 
Pourquoi « Canopée » ?
C’est en référence à la richesse que représente la diversité culturelle. La Canopée représente l’étage supérieur de la forêt, à la cime des arbres. La biodiversité y est très riche avec certains animaux qui y vivent et n’en descendent jamais, vivant dans leur propre écosystème.
 
Que fait l’association concrètement ?
Canopée joue un rôle d’intermédiaire entre les professionnels qui souhaitent rendre leurs spectacles accessibles et les fournisseurs du matériel nécessaire.
Nous assistons bénévolement les exploitants de cinéma numérique pour la mise en place des dispositifs et nous les conseillons dans l’installation des systèmes.
Nous formons également les installateurs de cinéma à la question de l’accessibilité.
Concrètement, nous contactons les exploitants de lieux culturels pour les sensibiliser. Nous leur parlons des moyens existants pour rendre leurs spectacles accessibles et nous leur proposons une évaluation. Ensuite nous leur envoyons une préconisation et un budget prévisionnel. S’ils acceptent nos préconisations, nous les mettons en contact avec des installateurs et fournisseurs de produits, en leur proposant de façon neutre une liste de professionnels. Notre accompagnement se poursuit tout au long du processus de mise en accessibilité.
 
Comment rendre une salle de cinéma accessible ?
Il existe deux grands types de dispositifs : l’audiodescription et la sur-amplification.
Développée sous le nom d’audiovision par l’Association Valentin Haüy (AVH), l’audiodescription s’adresse aux personnes non-voyantes ou malvoyantes. Elle permet de rendre accessible des films, spectacles et expositions grâce à un texte en voix-off qui décrit les éléments visuels importants. La voix de la description est placée entre les dialogues et autres éléments sonores afin de ne pas nuire à l’œuvre originale. Ce dispositif fonctionne pour de nombreux supports : cinéma, théâtre, télévision, danse, expositions… Au cinéma ou au théâtre, la personne malvoyante est équipée d’un casque sans fil lui permettant de suivre de manière autonome le film ou la représentation aux côtés des spectateurs voyants.
La sur-amplification, destinée aux personnes malentendantes, leur permet d’écouter une seule piste spéciale de l’œuvre, composée d’un mixage des premières pistes audio du film et sur laquelle les dialogues et bruits significatifs sont amplifiés. Cette piste peut-être écoutée par le biais d’un casque sans fil, ou si les personnes ont les oreilles appareillées, par une boucle d’induction – tour de cou individuelle ou fixe qui ceinture la salle de cinéma. Pour une personne sourde profonde, il reste le sous-titrage sur l’écran ou sur un autre support.
 
L’utilisation de ces deux solutions passe par l’installation d’émetteurs-récepteurs et l’acquisition de matériel de type boucles d’induction, écouteurs ou casques audio, récepteurs sans fils… un investissement financier et technique qui reste modeste. A noter que ces dispositifs fonctionnent avec les films numériques pourvus d’une audio-description et/ou de dialogues sur-amplifiés, ce qui devrait se généraliser à l’horizon 2015. Chaque film numérique dispose de 16 pistes audio dont certaines sont spécialement réservées à l’enregistrement d’audiodescriptions ou à la mise en place d’autres alternatives.
 
Nous menons par ailleurs des recherches pour développer  de nouvelles solutions en lien avec les nouvelles technologies, notamment pour permettre aux personnes déficientes auditives de suivre un sous-titrage sur leur propre écran smartphone ou tablette.
 
Qu’en est-il de l’accessibilité des salles de cinéma en France aujourd’hui?
Il y a environ 5000 salles de cinéma en France, dont 10 à 15% sont d’ores et déjà équipées. Quant aux films français, entre 10 et 20% d’entre eux comportent une audiodescription. L’un des freins actuels reste le manque d’audiodescripteurs professionnels. La France en compte seulement une quinzaine ! Or, environ 50 nouveaux films français sortent chaque semaine et trois jours de travail sont nécessaires pour réaliser une audiodescription. Des formations sont proposées par l’Association Française des Audiodescripteurs (AFA) et l’Association Valentin Haüy. L’Institut Supérieur des Interprètes et Traducteurs (ISIT) en a également proposé une auparavant et travaille en ce moment à l’élaboration d’une nouvelle formation spécialisée dans ce domaine.
Les audiodescriptions, du fait qu’elles font appel à un travail d’interprétation, sont toujours validées par le producteur ou par le distributeur de chaque film avant d’être envoyées au studios de post production.
 
Propos recueillis par Caroline Madeuf
 
Plus d’infos au 06.84.72.94.69 ou par mail : [email protected]

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