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Beauté des femmes aveugles et malvoyantes : Des ateliers dédiés

Atelier maquillage à Lyon pour la beauté des femmes aveugles et malvoyantes
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Beauté des femmes aveugles et malvoyantes : Des ateliers beauté sans miroir pour « provoquer le bien-être de se sentir belle et bien dans sa peau »

Réapprendre les gestes essentiels pour se maquiller et prendre soin de soi : Tel était l’objectif des « Ateliers beauté sans miroir » organisés le 19 septembre dernier à Villeurbanne pour cajoler la beauté des femmes aveugles et malvoyantes.

Animés par l’association Handicap Zéro et Yves Rocher, les « Ateliers beauté sans miroir » sont gratuits et permettent aux femmes qui le souhaitent de passer un moment privilégié d’environ une heure avec une conseillère beauté spécialement formée pour les guider dans leur technique de maquillage : unifier le teint, appliquer un fard à paupières, souligner le regard, sublimer le sourire…

Lancé en 2013, ce concept a déjà fait escale dans de nombreuses villes de France, notamment à Lyon en 2017, mais aussi à Paris, Lille, Reims, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Rennes, Wasquehal et Hénin-Beaumont au cours des 24 derniers mois.

Tout comme les autres éditions, les ateliers organisés dans la boutique Yves Rocher de Villeurbanne, le 19 septembre dernier, ont rencontré un franc succès, avec au total 8 femmes aveugles et malvoyantes accueillies au cours de la journée.

Se sentir belle et savoir se maquiller seule
« Le but est d’établir une relation privilégiée entre la conseillère beauté et la femme qui vient se faire maquiller, d’instaurer une confiance et de comprendre quels sont les besoins de la personne, selon ses envies et sa peau, car tout le monde ne se maquille pas de la même manière, commente Stéphanie Cuppini, chargée de communication au sein de l’association Handicap Zéro. Une fois que ce bilan est fait avec la participante, la conseillère lui montre les gestes d’application des produits et lui demande de reproduire ces gestes pour vérifier qu’elle y arrive et lui donner des conseils si elle rencontre des difficultés. C’est totalement personnalisé. L’objectif, à l’issue de l’atelier, et de provoquer le bien-être de se sentir belle et bien dans sa peau, mais aussi de permettre à la participante de pouvoir reproduire, chez elle, chacun des gestes de la séance, sans l’aide de personne. On observe toujours un gros décalage entre le moment où la personne arrive à l’atelier et le moment où elle ressort, rayonnante. C’est aussi très positif de notre côté, car ce sont des moments un peu différents qui nous rappellent pourquoi on organise ces ateliers. Et c’est à chaque fois différent, car dans chaque boutique où nous organisons des séances, ce sont de nouvelles conseillères qui animent les séances de maquillage. On assiste à des partages d’émotions et à une implication toujours très forte des équipes ».

Des profils variés, des émotions et des rencontres
« Nous avons des participantes aux profils très variés, des femmes de tout âge, de 7 ans à 85 ans… avec des attentes différentes, des personnes qui sont devenues aveugles ou malvoyantes très jeunes, et des personnes qui le sont devenues plus tard dans la vie, et qui ont déjà des habitudes de maquillage et un sens de la couleur, explique Olga Faure-Olory, chargée des partenariats pour l’association Handicap Zéro. Les besoins et attentes sont donc très différents selon chaque personne. Pour les unes c’est appréhender un petit peu les couleurs, les carnations, savoir ce qui pourrait leur convenir, et apprendre les gestes qu’elles pourraient reproduire seules, sans avoir besoin de retour visuel. Pour les autres, celles qui ont déjà vu un peu ou beaucoup et qui ont perdu la vue au fil de la vie, leur but sera plutôt de retrouver cette aisance et cette façon de prendre soin de soi qu’elles ont pu perdre. Le maquillage n’est pas un soin superficiel, il touche en profondeur parce qu’il atteint l’estime de soi et la féminité. Un jour, une femme est venue dans un atelier en nous disant : « Depuis que j’ai perdu la vue, vers l’âge de 40 ans, j’ai renoncé à ma féminité. Je me suis inscrite à cet atelier parce que je veux croire que c’est encore un peu pour moi ». Et finalement elle est ressortie en disant : « Mais oui, c’est totalement pour moi ! ». Ces ateliers ont également permis des rencontres. Sur l’un des premiers ateliers, deux participantes ont décidé de se revoir après la séance car elles étaient dans la même démarche et voulaient continuer à avancer ensemble ».

Des conseillères formées et sensibilisées au préalable
Si l’organisation d’un « Atelier Beauté sans miroir » représente toujours un moment mémorable pour les participantes, c’est également un temps fort dans le quotidien des équipes qui les accueillent au sein des boutiques Yves Rocher, à commencer par les conseillères beauté qui animent chaque séance de maquillage.
« Les conseillères ont été formées 24h avant la journée d’ateliers, précise Valérie Santerre, chargée du projet RSE pour le marché Yves Rocher France. Il y avait parfois une petite appréhension avant la première séance, mais en fait tout s’est toujours extrêmement bien passé. Nous leur recommandons de proposer des conseils vraiment concrets et pratiques, de mettre en confiance la personne, et pour le reste elles font simplement leur métier ».
« Pour l’équipe du magasin, c’est vraiment une expérience collective extraordinaire, dans le sens littéral du mot, complète Evelyne Marion, gérante du magasin Yves Rocher de Villeurbanne, dans lequel s’est déroulé la journée d’ateliers. Cela nous sort de notre quotidien. Il y a une atmosphère particulière. Il y a aussi un aspect sensibilisation pour l’ensemble de l’équipe. Des barrières sont tombées, il y a eu beaucoup d’émotion, et parfois des larmes de la part des conseillères qui ont été très touchées par l’impact des ateliers sur les participantes. C’est une chose à refaire ! Pour les conseillères, c’est également la concrétisation des engagements Yves Rocher que l’on énonce à nos clientes tout au long de l’année. Quand on achète un produit Yves Rocher, on n’achète pas seulement des produits, on achète aussi tous les engagements de la marque. De plus, dans ce magasin de Villeurbanne, nous avons une clientèle de personnes non-voyantes qui fréquentent régulièrement notre institut. Ce qui fait que l’on a déjà une approche du handicap par ce biais-là. Du coup organiser un atelier ici était tout à fait logique ».

À noter que la marque Yves Rocher présente ses différents produits dans un « Livre vert de la beauté » également édité en version braille accompagné d’un cd audio. La marque propose aussi des étiquettes en braille qui peuvent être collées sur les produits les plus demandés afin de les distinguer plus facilement (crèmes de jour, crèmes de nuit…).

Une nouvelle journée « Ateliers beauté sans miroir » est programmée le 20 novembre à Paris aux Champs-Élysées. Puis une nouvelle saison débutera en 2019, avec des passages dans de nouvelles villes, tout comme dans les villes où des ateliers ont déjà été organisés.

Pour vous inscrire ou obtenir plus d’informations : https://www.handicapzero.org/beaute/yves-rocher/ateliers-beaute-sans-miroir/


Témoignages des conseillères beauté

Tiffany
C’était une journée très enrichissante et agréable. Cela permet aux femmes de retrouver confiance en elles. J’estime qu’une personne handicapée est une personne comme tout le monde, qui a besoin aussi de se faire belle, de se maquiller et d’avoir des conseils. Nous sommes là pour leur apporter tout ça, leur donner un maximum d’astuces que l’on connaît grâce à notre métier. On n’a pas forcément besoin d’un miroir pour se maquiller, il faut avant tout savoir se servir de nos mains pour le faire. Nous leur donnons des conseils pour mesurer le bon dosage, pour mettre le produit au bon endroit.

Violaine
C’est une très belle expérience que l’on a pu vivre à l’occasion de ces ateliers. C’est vraiment bien de rendre la beauté accessible à toutes les femmes et de pouvoir partager utilement des conseils appris dans le cadre de notre métier.

En photo principale, de gauche à droite : Véronique Gros, responsable secteur Yves Rocher ; Violaine Sauvage et Tiffany Prévost, conseillères beauté Yves Rocher ; Isabelle Auboiron, directrice de région Yves Rocher ; Olga Faure-Olory, chargée des partenariats pour l’association Handicap Zéro ; Valérie Santerre, chargée du projet RSE pour le marché Yves Rocher France ; Stéphanie Cuppini, chargée de communication au sein de l’association Handicap Zéro, et Evelyne Marion, directrice du magasin Yves Rocher de Villeurbanne.

Témoignages des participantes des Ateliers Beauté sans miroir

Güler, 28 ans
Le maquillage et vous
Beaucoup de gens imaginent que les personnes en situation de handicap ne prennent pas soin d’elles, n’accordent pas d’importance à leur image, et ne se donnent pas de mal pour bien s’habiller… Pour ma part ce n’est pas du tout le style de vie que je mène, et je pense que l’apparence physique est quelque chose d’important. J’aime bien m’occuper de mon corps, séduire, être draguée, plaire et me plaire à moi-même, et je pense que cela passe par le fait de savoir se maquiller. Et même si nous ne voyons pas notre maquillage, nous avons quand même le droit d’être aussi belles que les autres. Je passe ma vie à me battre contre l’image du pauvre handicapé. Je pense être aussi sophistiquée qu’une personne voyante.

Par ailleurs, je voyage beaucoup, j’interviens régulièrement dans des conférences et je fais des discours… J’ai travaillé pendant quelques temps dans le milieu de la diplomatie, aux Nations-Unies… Et dans ce milieu-là l’apparence est encore plus importante, voire trop, et je n’ai pas envie d’être exclue à cause de cela. Actuellement je prépare le concours du Barreau pour devenir avocate. Si j’y parviens et que je plaide, ce sera aussi très important pour moi d’être bien maquillée. La robe d’avocat n’est pas forcément sexy, c’est une raison de plus pour avoir un beau visage et des beaux cheveux.

Votre participation à l’atelier
Je me suis inscrite à cet atelier car je voulais connaître des techniques pour gagner un peu de temps et être plus sûre de moi, car même si apparemment c’était bien fait, je n’en n’étais jamais sûre, et je n’avais pas toujours quelqu’un sous la main à qui demander.

Étant très perfectionniste, je préfère ne pas maquiller plutôt que de le faire mal. Du coup souvent je décide de ne pas me maquiller parce que j’ai peur de ne pas bien le faire. On m’avait déjà montré comment me maquiller donc j’avais quand même des bases. Mes amis me disaient que c’était très bien fait. Il y a même des gens qui m’arrêtaient dans la rue et me disaient : « Mais Madame vous êtes très bien maquillée, très belle, comment vous faîtes ? ». Mais je passais une heure dans la salle de bains pour y parvenir…

Aujourd’hui j’ai reçu des conseils sur les produits et les couleurs à utiliser en fonction de ma peau. Je ne savais pas trop mettre seule le far à paupières et je l’ai appris grâce à l’atelier. J’avais toujours un peu peur d’en mettre trop car tout ce qui est en poudre se sent moins, c’est plus facile pour le rouge à lèvres. J’ai donc découvert de nouvelles techniques et cela m’a redonné confiance en moi pour ma manière de me maquiller.

Smahan, 35 ans
Le maquillage et vous

Pour moi, le maquillage représente un moment de plaisir, où on se retrouve avec soi-même, où on s’accorde du temps, un moment pour soi. Quand je n’avais pas d’enfants, je me maquillais tous les jours un minimum, et de manière plus appuyée pour les occasions. Aujourd’hui c’est devenu plus rare car je n’ai plus autant de temps à y consacrer. Mais maintenant que j’ai suivi l’atelier, si je sais mieux le faire, cela me prendra peut-être moins de temps et dans ce cas je le ferai plus souvent.

Votre participation à l’atelier
Je trouvais que cet atelier était une belle opportunité et une occasion que peu de gens ont. Beaucoup de femmes ont envie d’être guidées et conseillées par une professionnelle pour tout ce qui concerne le maquillage. On a toujours envie d’être belle mais on ne sait pas forcément comment faire et c’est encore plus vrai pour une personne qui ne voit pas ou très mal : on a encore plus envie d’être aussi belle que les autres, mais on a plus de difficultés, et on a parfois un peu honte demander à d’autres ou alors on ne sait pas à qui demander… qui aura la main ou non, qui aura la patience de nous conseiller car ça peut prendre un certain temps. Donc avoir à disposition une conseillère dont c’est le métier, et qui en plus a fait ce type de démarche de s’adapter à la déficience visuelle, je trouve que c’est quelque chose de très rare et que cet atelier est vraiment une chance à saisir.

Cette séance m’a apporté beaucoup de confiance en moi parce que c’est quelque chose que je faisais déjà seule, mais cela m’a confirmé devant les yeux d’une professionnelle de la beauté que ce n’était pas si mal, qu’il y avait des choses à parfaire et des choses pour lesquelles je devais être confortée dans ma technique. C’était un moment de plaisir.

Pour en savoir plus sur ces ateliers dédiés à la beauté des femmes aveugles et malvoyantes, rendez-vous sur :  https://www.handicapzero.org/beaute/yves-rocher/ateliers-beaute-sans-miroir/

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