Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Accessibilité audiovisuelle: Avamétrie entre en scène!

Écouter cet article

Sandrine Babak, 36 ans, professionnelle de l’accessibilité audiovisuelle depuis plus de 10 ans, a lancé Avametrie, une application qui va changer la nature du lien entre les téléspectateurs et spectateurs et les professionnels de l’audiovisuel.

Quel est votre parcours professionnel ?
En 2004, après des études de lettres spécialisées en création audiovisuelle (Sorbonne Paris IV), j’ai rejoint le domaine de la production télé avec Multimédia France Production. C’est là que j’ai découvert le monde de l’accessibilité audiovisuelle. Je suis devenue sous-titreuse pour sourds et malentendants. En 2008, le métier a été sérieusement menacé par l’arrivée sur le marché de laboratoires qui voyaient dans la loi du 11 février 2005 une aubaine d’enrichissement, faisant fi de la qualité du sous-titrage. J’ai alors créé l’association CAASEM (Collectif des Adaptateurs de l’Audiovisuel pour les Sourds et les Malentendants) pour défendre les sous-titreurs et la qualité du sous-titrage. Avec des associations représentatives des personnes sourdes ou malentendantes, nous avons rédigé une charte de qualité du sous-titrage, signée en décembre 2011 par le CSA et les chaînes télé.  En 2013, j’ai cessé mon activité de sous-titreuse pour me consacrer à l’accessibilité audiovisuelle dans sa globalité dans le secteur associatif. Depuis début 2015, je me consacre à 100% au projet Avametrie.

Dans quelles conditions avez-vous créé Avametrie ?
L’idée est venue lors de la rédaction des rapports de qualité sur le sous-titrage, réalisés au sein de l’association AVA – AudioVisuel Accessible.  Nous avions constaté sur les réseaux sociaux que certains téléspectateurs se plaignaient de ne pas recevoir le sous-titrage alors que celui-ci était présent sur d’autres postes au même moment. Nous avons alors compris que la diffusion du sous-titrage dépendait aussi de la configuration matérielle des téléspectateurs et même de la région de réception. On a donc imaginé un système sur smartphone qui permettrait de sortir les téléspectateurs de leur isolement face aux disfonctionnements, tout en les faisant devenir eux-mêmes les évaluateurs de l’accessibilité audiovisuelle pour mieux rendre compte aux acteurs de l’audiovisuel des réalités vécues par leurs publics.

Qui vous accompagne dans ce projet ?
Je travaille avec Alexandre Martini, business angel, qui a financé la V1 de l’application développée par Gaël Duval, pionnier de Linux en France. Thierry Jullien assure l’expertise des études qualité. Cédric Ravalec, expert en stratégie de développement, et Anne-Laure Camus, docteure en communication, me font ponctuellement profiter de leur expérience pour le développement d’Avametrie. Et je suis accompagnée au quotidien par l’incroyable Emmanuelle Aboaf, ingénieure engagée et développeuse du site internet CinéST, et par mon ami très spécial Arnaud.
Mais surtout Avametrie est soutenue par les associations Aditus, AVA – AudioVisuel Accessible, Unisda, Mouvement des sourds de France, Art’Sign, Retour d’Image, et les représentants des téléspectateurs CinéST et Médias Sous-titrés, ainsi que par nos 60 ambassadeurs.

Que propose Avametrie ?
Avametrie propose aux téléspectateurs de faire entendre leurs voix aux acteurs de l’audiovisuel pour que ceux-ci améliorent leurs services et règlent les disfonctionnements que, parfois, ils ignorent encore.
Par exemple, les chaînes ne sont pas toujours au courant que le sous-titrage n’a pas été diffusé dans telle région ou sur telle box, car de leur côté le sous-titrage a bel et bien été produit et diffusé ! Avec Avametrie, les professionnels peuvent savoir en temps réel ce qui se passe sur les antennes grâce aux alertes, aux rapports multicritères, ou à une plateforme numérique les mettant en lien avec les téléspectateurs.

Quel est votre constat à propos de l’accessibilité des médias aux personnes sourdes et malentendantes ?
Des centaines de professionnels s’y consacrent chaque jour avec tout le sérieux que le secteur mérite, et des dizaines voire centaines de millions d’euros sont dépensés chaque année pour sous-titrer les programmes télé. Pourtant, près de 50% des retours que reçoit Avametrie sont négatifs : sous-titrage mauvais ou absent. C’est du gâchis !

Quels sont vos objectifs avec Avametrie ?
Aujourd’hui, le système permet d’évaluer le sous-titrage à la télévision en direct. Bientôt, nous pourrons évaluer également le sous-titrage en replay, sur internet, au cinéma, mais aussi l’audio-description et la langue des signes. L’objectif est de fédérer les téléspectateurs et de faire prendre conscience aux acteurs de l’audiovisuel de l’importance d’échanger avec leurs publics pour que les difficultés et les besoins soient pris en compte.

À qui vous adressez-vous ?
Aux professionnels de l’audiovisuel, au CSA, et à tous les téléspectateurs : qu’ils soient sourds ou malentendants, aveugles ou malvoyants, leurs entourages, les personnes ayant besoin de la LSF ou utilisant le sous-titrage ou l’audio-description pour d’autres raisons. Le besoin de communiquer est universel.

Pensez-vous pouvoir faire vivre votre structure sur la bonne volonté de chaînes de  télévisions ?
Aujourd’hui, des millions d’euros sont dépensés sans satisfaire pleinement les publics et sans retour qualité sur les produits. C’est aberrant quand on y pense ! Les chaines ont besoin de connaître l’audience de leurs programmes et doivent mesurer la qualité du sous-titrage ou d’autres produites qu’elles sous-traitent souvent auprès de prestataires extérieurs. Avec Avametrie nous apportons une solution à ces deux problématiques. C’est un service d’audit et de gestion relation-clients entre les acteurs de l’audiovisuel et leurs publics, un service moderne, indépendant et collaboratif. Le numérique aujourd’hui permet cette mise en relation entre médias et publics. Les chaînes TV en sont encore aux SMS pour les jeux et aux numéros verts !!! Il est temps qu’elles se saisissent des nouveaux outils pour communiquer avec leurs cibles.

Plus d’infos: www.avametrie.fr

Ces articles pourront vous intéresser :

Facebook
Twitter
LinkedIn
E-mail

Commentaires