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Arthur Bauchet : Les athlètes handisport aux Jeux Paralympiques de Pékin

Arthur Bauchet : Les athlètes handisport aux Jeux Paralympiques de Pékin
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Témoignage d’Arthur Bauchet, membre de l’équipe de France Handisport aux Jeux paralympiques de Pékin : « Le ski, c’est mon traitement préféré ! »

En photo : Arthur Bauchet © Luc Percival

Après avoir remporté deux médailles d’or et deux médailles d’argent aux derniers championnats du monde, à 21 ans, il vivra à Pékin sa deuxième participation aux Jeux paralympiques ! Nous avons échangé avec Arthur Bauchet, skieur alpin membre de l’équipe de France handisport.

Arthur Bauchet, pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre handicap ?

Arthur Bauchet : J’ai une maladie dégénérative, qui augmente petit à petit : une paraparésie spastique héréditaire. Il s’agit d’une atteinte à la moelle épinière qui remonte jusqu’à mon bassin, mais le plus gros de cette atteinte se situe entre les orteils et les genoux. Sous les genoux, je ne contrôle plus le réseau nerveux à 100%. Du coup, cela fait que j’ai de la spasticité, des tremblements involontaires, de grosses contractures musculaires et des troubles de l’équilibre.

Quand j’étais enfant, je n’avais pas grand-chose, je marchais juste sur la pointe des pieds. Puis à fur et à mesure que j’ai grandi, la maladie s’est développée jusqu’à ce que je ne puisse plus du tout marcher en 2014. Je ne pouvais pratiquement même plus m’asseoir car cela causait trop de douleurs dans mon dos. On a dû trouver une solution. Nous avons obtenu un rendez-vous avec le professeur Chabrol, à Marseille et à force d’examens, on a mis un nom sur cette maladie. Aujourd’hui, je suis de gros traitements qui me permettent de marcher et de skier. Même si ce n’est pas rose tous les jours, je vais beaucoup mieux, cela n’a plus rien à voir, merci à la science ! On réadapte chaque année les traitements. Je marche tout de même très souvent en béquilles, 90% du temps, car mes jambes ne supportent pas une journée.

Et pour le ski… ?

Arthur Bauchet : J’ai une grosse fatigabilité mais j’ai moins de mouvements involontaires lorsque je porte les chaussures de ski. D’ailleurs, les médecins se sont rendu compte que la chaussure de ski n’était pas mal pour cette pathologie, parce qu’en fait ça fait comme des attelles, qui maintiennent le pied en position d’étirement. Donc en fait pour moi, mettre le pied dans une chaussure de ski, c’est déjà un étirement. C’est mon traitement préféré, mais ça ne suffit pas !

Quels sont les sports que vous pratiquez et qu’est-ce qui vous plaît dans ces sports ?

Arthur Bauchet : Je pratique le ski mais je fais aussi pas mal de vélo. Ce sont vraiment deux sports que j’ai pu adapter avec la maladie. Quand je fais du ski, mon pied est maintenu dans la chaussure donc ça me convient physiquement. Quand je fais du vélo, au contraire, je relâche totalement le pied, donc je mets la pointe vers le bas et ça me permet de pédaler tout en relâchant un peu les mollets.
Ce sont deux sports que je peux faire et dans lesquels je m’éclate car ils se pratiquent à l’extérieur, et j’adore être dehors. Au ski, j’aime aussi la sensation de vitesse et le fait de pouvoir me déchaîner entre les piquets.

En 2021, je me suis lancé le défi de faire les championnats de France de cyclisme handisport, en octobre. Ça m’a bien plu et c’était l’occasion de me remettre dans un départ avant les vrais départs en ski.

Racontez-nous votre parcours sportif.

Arthur Bauchet : Je suis originaire du Golfe de Saint-Tropez, donc pas du tout de la montagne ! Ce sont mes parents, notamment ma mère, qui m’ont fait découvrir le ski. On a tout de suite accroché dans la famille. Du coup on y est allés tous les week-ends pendant près de 10 ans. On montait à Serre Chevalier, il y avait 3h30 de route le vendredi soir après l’école et le dimanche soir après le ski. La règle pour mon frère et moi, c’était que nous pouvions continuer à condition que nos résultats scolaires ne baissent pas. Ce qui a fonctionné.
Puis mes parents se sont séparés et j’ai déménagé avec ma mère à Serre Chevalier en 2016. J’étais alors au lycée à Briançon et ma prof de sport m’a recommandé de m’inscrire en ski handisport. Je n’y avais pas pensé. On avait découvert ma maladie deux ans plus tôt, je recommençais à marcher depuis peu… Après un peu de réflexion, j’ai trouvé que ça pouvait être une bonne idée. J’ai appelé la Fédération, qui m’a mis en contact avec le groupe jeunes. J’ai fait quelques stages avec ce groupe, que j’ai finalement pu intégrer, avec l’objectif Pékin 2022… ce qui était un bel objectif !

J’ai fait quelques courses qui se sont très bien passées. Puis j’ai participé à une première coupe du monde en décembre 2016 et je l’ai remportée, en gagnant trois courses sur les quatre. J’ai obtenu ainsi mon billet d’entrée pour les championnats du monde de janvier 2017. J’y ai remporté trois médailles, dont deux titres : en géant et en slalom. À 16 ans et un mois après avoir pris contact avec la fédération, c’était vraiment fou et tout s’est accéléré. L’objectif de Pékin 2022 s’est alors transformé en PyeongChang 2018 !

À la suite de ces mondiaux de 2017, j’ai vraiment intégré l’équipe de France, et fait tous les stages pour me préparer aux Jeux de PyeongChang. J’y ai décroché 4 médailles d’argent. Maintenant j’enchaîne les compétitions et le prochain objectif c’est donc Pékin 2022.

Vous avez intégré l’équipe de France très vite et très jeune…

Arthur Bauchet : En effet, j’avais 16 ans. À la base, on avait demandé au lycée si je pouvais manquer quelques cours pour les compétitions, mais finalement j’ai dû m’absenter parfois pendant des semaines entières. Le lycée a joué le jeu mais c’était compliqué de continuer à manquer autant de cours. Sur les conseils de mes parents, j’ai alors intégré le Pôle France ski à Albertville. C’est un cursus ouvert aux valides, seuls deux handis y sont entrés pour le moment : Marie Bochet et moi-même. C’est un « lycée d’été » où l’on suit les cours en présentiel d’avril à novembre, avec le programme de première-terminale réparti sur trois ans. Cela permet de tout adapter et d’être libéré l’hiver, en dehors de quelques cours à distance. Mais les places sont chères par rapport aux milliers de jeunes skieurs… et je sais que j’ai eu beaucoup de chance d’intégrer ce dispositif.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre participation aux championnats du monde des parasports d’hiver ?

Arthur Bauchet : Initialement, ils devaient avoir lieu en 2021, mais ils ont été repoussés en raison du Covid. Du coup, au départ, on était un peu déçus que ça tombe la même année que les Jeux, comme ce sont deux grands objectifs. Puis, on s’est dit que ces mondiaux seraient une très bonne préparation, voire même une répétition générale avant les Jeux de Pékin… et vu que l’équipe de France est revenue avec 20 médailles, c’est une répétition réussie !

Pour ma part, l’enseignement principal, c’est que la préparation de cet été a bien fonctionné et que je me suis senti en confiance sur les skis. Je vais continuer sérieusement cette préparation jusqu’au début des Jeux.

Il va falloir aussi gérer la quarantaine car il faut absolument éviter d’être cas contact ou positif au Covid dans les 15 jours qui précèdent la compétition, au risque de ne pas pouvoir partir. Cela ajoute un stress ! Du coup je ne verrai pas ma famille, ni mes amis, jusqu’au moment des Jeux. C’est dur mais le jeu en vaut la chandelle et tous les sportifs avec qui j’en ai parlé ont fait le même choix.

Arthur Bauchet sur le podium des Championnats du monde © Luc Percival
Arthur Bauchet sur le podium des Championnats du monde © Luc Percival

Arthur Bauchet sur le podium des Championnats du monde © Luc Percival

Pouvez-vous nous parler de l’ambiance au sein de l’équipe de France ?

Arthur Bauchet : L’ambiance est très bonne et je passe presque plus de temps avec les autres athlètes qu’avec ma famille ! Nous nous connaissons tous très bien. Ce qui était intéressant lors des mondiaux, c’est que toutes les épreuves avaient lieu sur le même site. Il y avait des compétitions de snowboard, de ski alpin et de ski de fond au même endroit, ce qui est génial pour la cohésion d’autant qu’on a rarement l’occasion de se retrouver ensemble comme cela, à part sur les stages. Cela permet d’aller encourager les autres quand on a fini, de renforcer la dimension commune, et cela aide à avoir une équipe performante. Pour les Jeux de Pékin, les sites des différentes compétitions seront éloignés.

Arthur Bauchet, que représentent les Jeux paralympiques pour vous et comment les abordez-vous ?

Arthur Bauchet : Les Jeux paralympiques, c’est vraiment la compétition de référence. Le but ultime. Dès que les derniers Jeux se sont terminés il y a 4 ans, j’avais hâte de recommencer… et ça y est, c’est le moment d’y retourner ! Et dès qu’on sera le 15 mars, date de fin des Jeux Paralympiques de Pékin, j’aurai hâte d’être en 2026 !

Concernant la manière d’aborder ces Jeux, ce sera certainement un peu compliqué avec le Covid, et tous les protocoles qui nous attendent, mais j’ai vraiment hâte d’y être. Je veux en profiter au maximum, faire mon ski, essayer de ramener un maximum de médailles, et donner tout ce que j’ai.

Souhaitez-vous adresser un message aux personnes en situation de handicap qui hésitent à pratiquer un sport d’hiver ?

Arthur Bauchet : Je pense qu’il y a beaucoup d’adaptations possibles en fonction des différents handicaps. Le tout est de trouver la bonne adaptation, ce qui est souvent le plus dur à faire, mais à partir de là, je pense que tous les sports peuvent devenir accessibles. Et franchement, je suis amoureux du ski et je n’ai qu’une envie : faire découvrir ma passion à énormément de monde !

Le palmarès d’Arthur Bauchet

2022 – Championnat du Monde Lillehammer : 1er Super Combiné, 1er Slalom, 2e Argent Descente, 2e Slalom Géant.

2021 – Coupes du Monde
Steinach : 1er Slalom Géant, 1er Super G.
Saint-Moritz : 1er Super G, 1er Slalom, 2e Super G.

2019 – Championnat du Monde
Kranjska Gora : 1er Slalom Géant, 1er Slalom, 1er Super Combiné, 2e Super G, 3e Descente.

2018 – Jeux Paralympiques Pyeongchang : 2e Descente, 2e Slalom, 2e Super G, 2e Super Combiné.

2017 – Championnat du Monde Tarvisio : 1er Slalom Géant, 1er Slalom, 2e Super G.

9 globes de cristal 

Pour plus d’informations sur les Jeux Paralympiques de Pékin 2022, rendez-vous ici : https://olympics.com/fr/beijing-2022/paralympiques

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