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Stéphane Molliens : « Être un champion, c’est faire les choses bien »

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Stéphane Molliens, pongiste handisport, est revenu de Rio avec une médaille d’or par équipe, remportée avec Jean-François Ducay et Fabien Lamirault. Il participait ainsi à ses quatrièmes Jeux Paralympiques après Athènes, Londres et Pékin. Rencontre.

Racontez-nous votre parcours.

Je suis sportif dans l’âme car j’étais, très jeune, au centre de formation du football club de Metz. À 15 ans, j’ai été accidenté sur une route, avec une tétraplégie basse qui m’empêche de marcher, mais qui me permet quand même d’avoir une bonne motricité générale, et ne m’empêche pas du tout de vivre. Le tennis de table a été une voie dans laquelle je me suis un peu engouffré, par mes connaissances et les opportunités. J’ai trouvé ça tellement ludique que je m’y suis adonné. J’ai commencé en 1995. Je suis entré en équipe de France en 2003 et je ne l’ai pas quittée depuis.

Quel bilan faîtes-vous de ces Jeux ?

Globalement ça s’est bien passé. Au tennis de table, nous avions l’ambition de gagner l’or par équipe, c’est fait. On avait été champions d’Europe et champions du monde donc c’est un peu le grand chelem que tout le monde attendait. C’est une très belle satisfaction.

En individuel, j’ai fait un bon parcours, puis il y a eu des impondérables qui m’ont un peu bousculé mais ça fait partie du job. J’ai eu une fracture de fauteuil au milieu du match de demi-finale, ce qui ne m’était jamais arrivé en 15 ans de carrière. C’est comme ça, personne n’y peut rien. Parfois ce sont des blessures, parfois des erreurs d’arbitrages, des injustices… je pense à la nageuse française Aurélie Muller, disqualifiée au 10 km nage libre des JO. Ce sont des choses qu’on ne peut pas maîtriser, il faut les accepter. J’ai donc eu cette déception en individuel, mais par contre je n’ai aucun regret par rapport à ce que j’ai fait durant ces Jeux Paralympiques.

Quels sont les souvenirs qui vous resteront en mémoire ?

L’équipe de France de tennis de table était un très bon groupe, familial, moins nombreux qu’à Londres, mais où j’ai trouvé entre les joueurs une grande solidarité. Et puis l’équipe de France de manière générale a été, je pense, très bien dirigée par la Comité Sportif et Paralympique Français. Ils ont fait du bon travail pour qu’on soit dans les meilleures conditions.

Avez-vous beaucoup côtoyé les autres athlètes français ?

Dans le tennis de table, oui. Nous avons fait beaucoup de stages ensemble lors de la préparation. Puis, pendant la compétition les athlètes de toutes les disciplines se sont côtoyés. L’exemple le plus flagrant est celui de Sandrine Martinet, la judokate, qui a fait sa compétition le premier jour et a rapporté à la France sa première médaille d’or. Elle est ensuite restée 15 jours avec les autres et a suivi toutes les disciplines en participant activement, ce qui a boosté la dynamique française. Il y a vraiment eu une grande solidarité inter-sports.

Les Jeux Paralympiques de Rio ont été beaucoup plus médiatisés en France que lors des éditions précédentes… Qu’en pensez-vous ?

C’est une avancée. France Télévisions a mis en place beaucoup de choses autour des 10h de direct par jour, notamment tout un réseau de journalistes et consultants qui ont fait un excellent travail. Au-delà du commentaire ils ont aussi apporté l’histoire des sportifs. Les chiffres publiés ensuite ont été très bons et significatifs pour le milieu télévisuel. Cela veut dire qu’il y avait une vraie attente, du public mais aussi de tous les gens qui encadrent les sportifs et sont frustrés de ne pas avoir d’images… là ils les ont eues. Ça a été très bien fait et on espère une nouvelle vague pour les années à venir dans le handisport. Que ce soit des gens qui veulent faire du sport ou encadrer, car aujourd’hui on n’a pas forcément de connaissances assez pointues pour encadrer des personnes handicapées. Le fait d’avoir des images peut créer des vocations. En tout cas, c’est une des raisons pour lesquelles on est contents de cette médiatisation. Si l’on peut avoir les Jeux à Paris en 2024, ce sera là aussi le moment de parler du handicap, et de l’importance de l’accessibilité – car on ne peut pas faire du sport sans accéder aux tatamis et gymnases.

Ressentez-vous déjà des retombées de cette nouvelle médiatisation ?

Il y a eu un retour ici en Moselle extrêmement important, à la fois médiatique et social (par rapport aux composantes de notre vie de tous les jours) mais j’ai ressenti ça de manière progressive, d’abord après Pékin, puis Londres et là je pense que la télévision a donné un coup de pouce énorme au handicap de manière générale. De voir que des personnes handicapées peuvent avoir ce dépassement de soi, les résultats… permet de prendre conscience que c’est aussi une composante de notre nation et que ça la valorise, sans tomber dans l’hyper-patriotisme. Et du coup on ne voit plus le handicap.

Comment envisagez-vous votre avenir aujourd’hui ?

Je n’ai pas encore eu le temps de faire un bilan. À la manière d’un chef d’entreprise c’est un peu difficile de faire des projections, j’ai plutôt envie de me reposer un petit peu, puis de réfléchir sereinement et de manière plus concrète sur la suite de ma carrière. Cela dépendra aussi de la position des instances fédérales paralympiques à mon égard.

Quelque chose à ajouter ?

Les Jeux c’est une formidable aventure humaine. Les sportifs ne sont pas des gens qui cherchent les projecteurs, ils cherchent surtout à vivre et transmettre leur passion. C’est ce que je dis aux enfants : On n’a pas besoin d’aller à Rio, on n’a pas besoin de traverser l’Atlantique et d’avoir des médailles d’or pour être un vrai champion. Être un champion, c’est faire les choses bien. On peut être un champion de maths, un champion de cuisine, un champion des câlins… à partir du moment où on fait bien.

Pour en savoir plus sur Stéphane Molliens cliquez ici.

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