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Médecin n’est pas qui veut: coup de gueule

Médecin Mélanie Paulhe
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Médecin n’est pas qui veut: coup de gueule aux antipathiques

Par Mélanie Paulhe. Ma santé ne m’a jamais vraiment permis de faire du sport. Il paraît que cela peut être un plaisir, j’en doute encore. Cependant, j’ai quand même pu fréquenter plusieurs médecins du sport durant la période où l’on cherchait une explication à mes problèmes de santé. Alors pour essayer d’être en accord avec la thématique de ce nouveau numéro, je vais vous partager quelques-unes de mes expériences avec les médecins du sport (et d’autres) que j’ai pu rencontrer.

Sûrement pas diplômé de psychologie !

Mon syndrome d’Ehlers-Danlos provoque de grandes douleurs articulaires, une hyperlaxité sévère, beaucoup de fatigue et des risques d’entorses et de luxations importants (entre autre, je reste dans la thématique du sport là!). Depuis l’âge de mes six ans j’ai consulté en masse des médecins. Jamais personne ne trouvait ce que j’avais. C’était désespérant. Le regard de ces médecins, quasiment que des hommes, qui me regardaient comme un tas qui ne peut pas se bouger, j’en garde de mauvais souvenirs.

J’ai notamment eu un médecin qui me tripotait sans me parler, qui regardait mes genoux sans grande conviction, l’air détaché. Après avoir testé mes reflex et sans m’avoir écouté, il m’a dit que je devais faire du sport. Gnhaha, très drôle. Encore un. C’est sûr qu’à côté des bêtes de muscles dans les salles d’attentes, je n’étais pas intéressante pour lui…

Et le césar de l’ingratitude !

Je me souviens également des nombreux rendez-vous avec un grand professeur de Toulouse, toujours en retard, qui se permettait de vous faire attendre de longues heures dans sa salle d’attente, sans même une excuse. Nous étions toujours plusieurs à avoir un rdv à la même heure ! C’était nous, patients, qui nous sentions de trop et en faute. Ce même médecin, pouvait passer beaucoup de temps auprès des personnes sportives. Ce n’était pas mon cas, j’avais à peine le temps de m’asseoir qu’il demandait déjà à mes parents de payer et de prendre un prochain rendez-vous avec la secrétaire en sortant. Au mieux je repartais avec une dispense de sport pour ne pas subir des cours d’EPS à l’école.

Ma maladie ne peut être détectée lors d’aucun examen médical, je n’étais donc jamais prise au sérieux. J’avais mal, je ne pouvais pas marcher sans d’atroces douleurs et on me demandait d’aller faire du sport !!! Ces médecins m’ont toujours dénigrée. Je suis encore en colère contre eux. Même ma famille commençait à plus les croire eux que moi : il n’y avait rien aux examens, alors c’était dans ma tête…

J’ai été opérée par cet homme à deux reprises pour un genuvalgum. Je me souviens de ce médecin qui n’avait jamais un regard bienveillant sur moi ou une parole apaisante pour mes parents ou moi. J’étais quand même dans un service adulte à l’âge d’environ dix ans. Ce même homme m’a charcutée. Oui, charcutée. Il m’a fait d’horribles cicatrices aux jambes, en disant qu’il se rattraperait la prochaine fois. Comme si c’était acceptable de la part d’un médecin ça ! Mais bien sûr, la fois d’après, la peur au ventre en plus, je me suis retrouvée avec des cicatrices encore plus moches. Dix ans après, elles commencent à devenir un peu moins moches. Je lui avais dit que je faisais une allergie aux pansements, qu’il fallait m’en prescrire d’autres, que je ne supportais pas la calciparine, qu’il fallait utiliser des points de suture plutôt que des agrafes, mais rien. Il n’en n’avait rien à faire. Mes parents ont payé très cher ce médecin pour qu’il détruise une grosse part de mon enfance et de mon adolescence. Et lors des rendez-vous de contrôle, quelques mois plus tard, il avait toujours son regard moqueur et arrogant. Et oui, Monsieur, je ne peux pas faire de sport. Je n’en suis pourtant pas moins humaine ou respectable qu’une autre. 

Le comble du comble…

Quelques années plus tard, toujours à Toulouse, je suis tombée sur un endocrinologue en carton, dans un hôpital pour enfant. Ce gentil Monsieur, en m’ayant à peine dit bonjour à l’entrée, m’a de suite mesurée et pesée. Je n’oublierais jamais ses paroles: «Il vous faudra revenir quand vous serez moins grosse, aujourd’hui je ne peux rien pour vous. Vous pouvez sortir et voir avec ma secrétaire». Sans même un bilan sanguin sous les yeux. J’étais adolescente, avec quelques kilos en trop mais je n’ai jamais atteint l’obésité (IMC). Je suis rentrée chez moi en larmes. De là, j’ai décidé pendant une période d’un an de ne plus consulter un seul médecin. Même malade, j’ai réussi. Je ne pouvais plus supporter de passer tout mon temps dans des salles d’attente et de tomber face à des énergumènes qui ne me prenaient jamais au sérieux. J’avais l’impression que ces hommes et ces quelques femmes accumulaient aussi vite des titres de médecine et des distinctions que la connerie.

Et puis un ange est passé par là !

À cette époque, je n’ai pas le souvenir d’avoir rencontré un seul médecin bien. C’est arrivé plus tard quand même, je vous rassure. Un rhumatologue, taillé à la Depardieu, génial. Un ange. C’est lui qui le premier a décelé mon syndrome. Il a été franc avec moi, il m’a pourtant dit des choses très dures à entendre, mais avec un respect et une sympathie naturelle qui ont fait qu’il était médecin et humain à mes yeux. J’en ai rencontré quelques uns, très rares, mais pour qui j’ai une admiration certaine. Ils représentent pour moi ce que doit être un bon médecin avant tout : humble, humain, à l’écoute et franc. Au final, c’est comme les profs, il y a de tout !

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