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La chronique Mélanie Paulhe: Dys sur dys

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J’ai été diagnostiquée dyslexique et dysorthographique au CP. Je faisais de très nombreuses fautes, j’avais beaucoup de difficultés pour lire, écrire, parler et me concentrer.

Avec le temps et beaucoup de travail j’ai pu améliorer tout cela mais dès que je suis fatiguée je refais des erreurs. Même si j’essaye de me concentrer le plus possible.

 

Je confonds les lettres, les sons, les mots, les noms de couleurs (le bleu et le vert), je mélange les chiffres (5 et 2, 6 et 9). Quand j’écris je confonds les « b » avec les « d », les « m » avec les « n », etc. Je vais aussi écrire « 131 » au lieu de « 313 », par exemple.

 

Un parcours difficile

 

J’ai eu beaucoup de séances d’orthophonie étant enfant, c’était très intense et vraiment pas une partie de plaisir (j’en garde plutôt un mauvais souvenir dans l’ensemble). Tous les mercredis après-midi, quand mes camarades allaient, eux, à la piscine…  Séances intenses mais le résultat était satisfaisant.

Je détestais petite, à première vue, lire et écrire car c’était difficile pour moi. Pourtant, si ma mère voulait m’offrir quelque chose qui me fasse plaisir, je lui demandais un livre (livre que je ne lisais jamais bien sûr !). C’est à la fin du collège que j’ai commencé à lire des livres hors programme scolaire et à y prendre goût. Petit à petit l’envie d’écrire est aussi apparue. L’envie de lire doit naître chez le dyslexique de lui-même, si une personne essaye de lui forcer la main, la situation s’aggrave encore plus. Je pense notamment aux livres indigestes que l’on doit lire au collège. Un dyslexique a de quoi en cauchemarder !

 

J’ai été pénalisée durant toutes mes études par ma dyslexie, avec des points en moins systématiquement aux contrôles, au collège et au lycée. Un dyslexique est déjà pénalisé de base par cette affectation là, il n’a pas besoin d’avoir des sanctions en plus à travers les notes. Il y a sincèrement de quoi l’écœurer… Peu à peu les mentalités ont l’air d’évoluer et la prise de conscience autour des troubles dys progresse à l’école. Enfin.

 

Trouver des astuces !

 

J’ai toujours travaillé très dur et j’arrive aujourd’hui à un niveau correct, en sachant le niveau auquel j’étais petite. Les solutions n’ont pas été faciles à trouver. Elles me sont personnelles et sont le fruit d’années de travail, pour finalement arriver à des choses toutes simples mais efficaces. Chaque dyslexique développe ses propres techniques, pour compenser. 

J’ai eu pendant longtemps des heures et des heures de dictée, à recopier des pages de livre et des pages de dictionnaire, de soutien en dehors de l’école.  Cela ne m’a jamais servi à rien, ou si peu comparé au travail effectué. J’ai fini par trouver moi-même mes combines et faire mon stock d’astuces. J’ai appris le plus de mots possibles par cœur et pour ceux sur lesquels je doute encore j’ai trouvé d’autres techniques. Ma bête noire : les mots avec des « s ». 

Par exemple, j’ai une seule maison, pas deux, donc il n’y a qu’un seul « s » au mot maison. Le poisson je peux en manger deux fois ou plus (donc 2 « s ») alors que le poison je peux n’en manger qu’une seule fois (donc un « s »). Je n’ai qu’un cousin (donc un « s ») mais plusieurs coussins. J’ai deux chaussures,… etc. Les « s » sont ma hantise, depuis toujours. Et actuellement c’est un des seuls problèmes qui persiste vraiment et qui m’handicape encore. Il m’arrive souvent dans mes copies de partiels ou autre de changer de mot, de trouver un synonyme pour esquiver la question du « un ou deux s ?».

Ce n’est sûrement pas une technique à appliquer à tout le monde mais elle fonctionne sur moi car je l’ai personnellement mise en place. Si elle était venue de l’extérieur, je douterais de son efficacité. C’est comme les moyens mnémotechniques, ils ne sont jamais plus efficaces que lorsqu’on les trouve nous-mêmes. 

Je me souviens de ma prof d’histoire-géographie en classe de première qui avait été horrifiée par une faute dans mon contrôle. J’avais écrit : « Ils avaient baisé les armes » au lieu de baissé… Pourtant, j’avais beaucoup réfléchi, voulant à tout prix éviter la gaffe. C’était raté !

Concernant les correcteurs automatiques d’orthographe, je n’aime pas trop cette technique, car c’est une solution de facilité ; ce n’est pas très bon pour s’améliorer. Il faut à mon avis les utiliser comme un outil et non comme une fin, ne surtout pas se reposer dessus.

Et n’oublions pas que l’apprentissage des langues vivantes est aussi généralement difficile pour les dyslexiques. Maintenant je suis plutôt à l’aise avec le français, mais ce n’est pas encore le cas avec l’anglais! J’ai beaucoup de difficultés avec les sons, l’orthographe et la prononciation, tout se ressemble à mes yeux.

 

Je fais régulièrement des bilans orthophoniques pour continuer à avoir droit à un tiers-temps pour mes études. Celui que j’ai fait faire l’année dernière me décrivait avec un gros décalage par rapport à la norme de mon âge. Toujours ce besoin de comparer à la norme… C’est blessant. Mais les attentes administratives l’exigent, alors c’est ainsi. D’ailleurs, en évoquant les prouesses de l’administration à ce sujet-là, j’ai été informée il y a quelques jours par mon orthophoniste que la dyslexie ne s’appelle plus ainsi mais qu’on utilise maintenant l’adage de « trouble spécifique des apprentissages avec atteintes de la lecture et de l’orthographe. »  Comment faire très compliqué quand on peut faire simple ? De quoi faciliter le bien-être des dys !

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